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Politique

Enseigner plusieurs matières : les professeurs opposés à l’idée de Vincent Peillon

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Sur RMC, le ministre de l’Education Vincent Peillon a proposé d’ouvrir une discussion sur la transformation du métier d’enseignant, avec pourquoi pas la possibilité d’enseigner plusieurs matières. Les professeurs réagissent.

Et pourquoi pas, en 2013, envisager une transformation du métier des enseignants ? Vincent Peillon a abordé l’idée, lundi sur RMC, en proposant une discussion globale sur la refonte du métier. Le ministre de l’Education veut leur offrir la possibilité de travailler plus, de gagner plus aussi mais aussi d’enseigner plusieurs matières, comme cela se fait en Allemagne, où un professeur gagne en moyenne 34% de plus qu'en France. Pourtant les Français et les Allemands dépensent à peu près le même budget chaque année pour l'Ecole. Si l'Allemagne arrive à mieux payer ses profs, c'est parce qu'elle a des établissements scolaires plus grands que les nôtres - donc des économies de structures plus grandes - et demande aux enseignants de pouvoir enseigner plusieurs matières.

« Ça me demande déjà pas mal de travail »

En France, pourtant, l’idée a du mal à passer. « J’enseigne les sciences éco et sociales, ça me demande déjà pas mal de travail, explique sur RMC Sylvain, professeur de sciences économiques dans un lycée lyonnais. Je ne me sens pas compétent pour aller enseigner d’autres matières. Je ne veux pas enseigner l’histoire géo, j’ai déjà des collègues qui le font très bien ». Selon ce professeur, leur emploi du temps est déjà trop rempli pour qu’on puisse en rajouter. « On a déjà beaucoup de formations pour arriver à maîtriser déjà l’ensemble des programmes qu’on a à maîtriser, et qui sont mis à jour régulièrement. Si demain, on me propose d’en ajouter, je pense qu’on dépasserait largement les capacités des enseignants. Je pense que c’est une question qui correspond plus à des soucis de gestion, pour être capable de remplacer un enseignant absent, mais je ne pense pas que ce soit souhaitable d’un point de vue pédagogique ».

« Pas fait 5 ans d’études pour faire du bricolage »

Un point de vue partagé par Catherine, qui enseigne les Sciences de la vie et de la terre en Seine-et-Marne. « Nous avons fait 5 ans d’études post bac, ce n’est pas pour faire du bricolage dans une discipline qu’on maîtriserait peu. Moi je suis prof de SVT, je fais de la biologie végétale et animale. Pour bien enseigner quelque chose aux élèves, j’ai besoin de le maîtriser. Et si par exemple, on me demande de faire des sciences physiques, je ne maîtrise pas l’électricité, les notions d’optique, etc. »

« Ça donne du sens à l’élève »

Il existe, pourtant, des cas où cela peut fonctionner. Si Julien reconnaît que le modèle n’est pas transposables dans les lycées généraux, avec un niveau élevé, il remarque tout de même qu’il arrive à enseigner deux matières dans le lycée professionnel réputé difficile du le Val-de-Marne où il travaille. Ici, ses élèves le voient pour les lettres et l’histoire. « On est beaucoup dans la remise en confiance de l’élève sur des choses simples. Que l’on suive l’élève en histoire et en français, ça lui donne du sens, car on essaye de raccrocher nos enseignements les uns aux autres. Par exemple, sur le XVIIIe siècle, les grandes découvertes et les lumières, on voit ça en histoire et en suite on voit ça en Français, ça donne du sens ».

M. Chaillot avec Lionel Dian