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Politique

En Italie, Macron veut réconcilier et reconstruire après le départ de Salvini

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron - AFP

Après une année de tensions entre Rome et Paris, l'Elysée espère un retour à la normale des relations diplomatiques avec son voisin.

Ce mercredi, Emmanuel Macron se rend à Rome après une année de tensions sans précédent entre la France et l'Italie, cristallisées par l'ancien ministre de l'Intérieur transalpin Matteo Salvini, aujourd'hui écarté du pouvoir. Durant plusieurs semaines, ce dernier avait tancé le locataire de l'Elysée, le qualifiant notamment d'être "un très mauvais président."

S'il ne passera que quelques heures dans la capitale italienne, Emmanuel Macron souhaite y relancer la relation franco-italienne, le temps d'un entretien avec son homologue Sergio Mattarella et d'un dîner de travail avec le président du Conseil Giuseppe Conte. Même court, ce déplacement "est important sur le fond et le symbolique", affirme l'Elysée. 

Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, le déplacement est important. "Il y a un triple enjeu. D'abord reconstruire une relation franco-italienne après l’année Salvini. Puis, remettre l’Italie dans la perspective de l’Union européenne avec notamment une nouvelle relation budgétaire entre l’UE et Rome, et enfin construire, solidifier le front antipopuliste alors qu’il y a la bataille Johnson contre le parlement en Grande-Bretagne", détaille-t-il. 

"Signe d'équilibre"

Côté italien, cette visite est également prise au sérieux. "C'est une visite pour tourner la page d'un chapitre difficile et démontrer qu'il est possible de repartir du bon pied, sans séquelles des tensions passées", souligne Giampiero Gramaglia, spécialiste des questions européennes à l'Institut pour les Affaires internationales de Rome (IAI).

Selon lui, les Italiens "apprécieront sans doute le fait que se soit le président français qui se rende en visite à Rome", une indication "qu'à l'Elysée il n'y a pas de rancoeur."

Paris met aussi en avant le fait que cette visite d'Emmanuel Macron est "un signe d'équilibre" alors que la Ligue dénonce un nouveau gouvernement aux ordres "de Paris, Berlin et Bruxelles".

Pour l'Elysée, il n'est pas question de se féliciter trop fortement de la nouvelle configuration politique à Rome, par souci de ne pas "s'immiscer dans les affaires italiennes" mais aussi parce que la situation "reste instable". 

Le nouveau gouvernement Conte, formé du Parti démocrate et du M5S, est en effet une construction fragile et l'incertitude a encore été renforcée par l'annonce mardi de la création d'un nouveau mouvement par l'ancien chef du gouvernement Matteo Renzi, homme fort de la gauche.

Le brûlant sujet des migrants

Avec Giuseppe Conte, les sujets de discussion ne vont pas manquer, de l'agenda européen avec l'arrivée de la nouvelle Commission à la Libye, en passant par les relations économiques.

Mais le sujet bilatéral le plus brûlant reste celui des migrants, principale pomme de discorde ces derniers mois avec les attaques portées par Matteo Salvini, qui avait fustigé l'"arrogance" et l'"hypocrisie" d'Emmanuel Macron.

Une décision concertée est-elle toutefois possible? "Oui, si l’on se met d’accord au niveau européen, car l’Italie ne sera jamais que le laboratoire confronté en premier lieu à l’immigration. Qu’est-ce que l’on fait sur l’asile? Comment on définit un réfugié? Comment on se les répartit? Qu’est-ce qu’on fait de Frontex? De Schengen? C’est en faisant une nouvelle Europe de l’immigration qu’on pourra se concerter avec l’Italie et qu’on arrivera à avoir un débat un peu plus serein en Europe", poursuit Christophe Barbier. 

La détente est sensible depuis l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, qui a de facto rouvert les ports italiens aux navires de sauvetage en laissant débarquer samedi 82 migrants de l'Ocean Viking à Lampedusa.

Satisfait, Paris affiche son optimisme en se disant "sûr" de pouvoir "trouver des solutions communes dans les prochaines semaines avec l'Italie". Mais la priorité reste de construire "une solution durable et stable" entre pays européens, notamment sur la répartition des migrants débarqués en Italie ou à Malte, selon l'Elysée. 

Hugo Septier