Robert Badinter va entrer au Panthéon le 9 octobre, sa famille veut que "l'extrême droite soit exclue de la cérémonie"

L'ancien garde des Sceaux, Robert Badinter, lors des célébrations du 40e anniversaire de l'abolition de la peine de mort au Panthéon, le 9 octobre 2023 à Paris - Ian LANGSDON © 2019 AFP
L'ancien résistant et ministre de la Justice Robert Badinter entrera au Panthéon lors d'une cérémonie d'hommage le 9 octobre, date anniversaire de la promulgation de la loi d'abolition de la peine de mort dont il est l'auteur, a appris BFMTV.com ce mercredi 9 avril auprès de l'Élysée, confirmant une information du Figaro.
L'historien et résistant juif Marc Bloch sera à son tour panthéonisé le 16 juin 2026, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944, précise de son côté l'AFP.
Le président de la République avait annoncé l'entrée au Panthéon de l'ancien Garde des Sceaux socialiste lors d'un hommage national rendu après sa mort le 9 février 2024. Son nom "devra s'inscrire au côté de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France", avait-il dit.
Une lutte sans relêche contre la peine de mort
Robert Badinter était "la République faite homme", "une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort", avait ajouté le chef de l'État.
Né dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l'actuelle Moldavie), Robert Badinter avait été témoin de l'arrestation de son père à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale, qui était mort en déportation en Pologne.
Son grand combat fut celui contre la peine de mort, abolie en France par la loi du 9 octobre 1981. En novembre, Emmanuel Macron avait annoncé que Marc Bloch rejoindrait aussi les grands personnages de l'Histoire de France, en louant son "courage" et sa "lucidité".
Sa famille veut exclure l'extrême droite de la cérémonie
Dans une lettre au président de la République, la famille de l'historien lui avait demandé que "l'extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie" d'entrée au Panthéon.
Issu d'une famille juive alsacienne, professeur d'histoire du Moyen-Âge à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, l'auteur de "L'étrange défaite", écrit en 1940 et publié après la guerre, est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.
Selon Le Figaro, les familles ont souhaité qu'il n'y ait pas de "transfert" des deux défunts. Mais un cénotaphe - monument funéraire - sera érigé en hommage à chacun de ces "grands hommes", auxquels "la patrie" se dira "reconnaissante", selon la fameuse formule inscrite au fronton du Panthéon.
Emmanuel Macron, qui poursuit un long cycle mémoriel autour de la fin de la Seconde guerre mondiale, a déjà fait accueillir quatre autres grandes personnalités dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manouchian.
Sous la Ve République, le chef de l'État est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.