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Élysée

EDITO - Hollande: quelle brutalité!

Anna Cabana

Anna Cabana - -

Retour sur l'éviction de Delphine Batho du gouvernement. Elle est la deuxième femme à être limogée du ministère de l'Ecologie sous l'ère Hollande.

Ce limogeage offre une démonstration de la brutalité de François Hollande. Une brutalité très ciblée. Parce que ses deux seuls actes d'autorité vis-à-vis de son gouvernement, il les a faits à l'endroit de deux femmes: Delphine Batho et celle qui l’a précédé au ministère de l’Ecologie, Nicole Bricq. On a déjà oublié, mais il y a un tout petit peu plus d'un an, Nicole Bricq a été éjectée de l'Ecologie - et transférée au Commerce extérieur – à cause de son opposition aux forages pétroliers en Guyane. Donc Bricq puis Batho. Deux femmes. Deux ministres de l'Ecologie. Ce sont les deux seules à avoir fait les frais d’un acte d'autorité de Hollande. Avec Batho, il a voulu faire un exemple. Un exemple facile. Des exemples, il aurait pu en faire d'autres. Ce n'est pas comme s’il n'y avait pas eu d'autres couacs au sein du gouvernement…

Batho, ministre zombi

A Arnaud Montebourg ou à Cécile Duflot, qui ont tous les deux défié publiquement la politique économique du président et qui sont toujours en poste. Parce qu'ils ont un poids politique, eux. Parce qu’ils représentent chacun une certaine gauche que Hollande ne prendra pas le risque de se mettre à dos. Batho, elle, ne représentait rien d'autre qu'elle-même, donc Hollande ne prenait pas de risque politique en la virant. Il faut bien voir une chose: elle était inaudible, Batho, une ministre zombi comme il y en a beaucoup dans ce gouvernement. Le seul moment où on l'a entendue, c'est hier ; elle n'a existé en tant que ministre que pendant son dernier jour d'exercice de la fonction. Le reste du temps, elle a été comme engoncée dans son costume de ministre, travailleuse mais rigide, très rigide. 

Hollande, coupeur de têtes écolos

Elle pensait qu'elle n'avait plus d'autre issue qu'un coup de gueule par médias interposés pour faire pression sur Ayrault et sur Hollande. Mais elle n'imaginait pas qu'elle serait virée aussi vite. Et en quels termes! Le communiqué que l'Elysée a publié hier à 18h12 est franchement brutal. Au lieu d’un libellé diplomatique, quelque chose du genre: "Le président de la République a accepté la démission de Delphine Batho", ce qui est écrit, c’est la chose suivante: "Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine Batho".

Morale: contrairement à Nicolas Sarkozy qui criait beaucoup et menaçait beaucoup mais qui faisait tomber peu de têtes, Hollande sait trancher dans le vif. Surtout avec les femmes ministres de l'Ecologie...

Anna Cabana