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A Calais, Macron appelle les forces de l'ordre à ne pas confisquer les biens des migrants

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En visite ce mardi à Calais, le chef de l'Etat a tenu un discours devant les forces de l'ordre chargées d'intervenir face aux migrants, au cours duquel il a fait plusieurs annonces en matière de politique migratoire.

En déplacement ce mardi à Calais, où il s'est notamment exprimé face aux forces de l'ordre, Emmanuel Macron a martelé que les autorités ne permettraient pas la reconstitution d'une "jungle" de migrants dans la ville du Pas-de-Calais. Mais le président de la République a aussi appelé les forces de l'ordre à être "exemplaires" et à ne pas confisquer les effets personnels des migrants, et les associations d'aides à la "responsabilité" vis-à-vis des migrants.

"Nous ne laisserons pas installer de nouvelles occupations illicites"

"Il était essentiel que je vienne au contact des réalités que vous vivez", a déclaré le chef de l'Etat aux forces de l'ordre, ajoutant être venu pour "tenir un discours de vérité". 

"Nous ne laisserons pas installer de nouvelles occupations illicites", a mis en garde Emmanuel Macron. "En aucun cas", l'Etat "ne laissera se reconstituer une 'Jungle'" à Calais, "terre de passage devenue une impasse". Un vaste bidonville de plus de 8.000 migrants y avait été démantelé en octobre 2016.

"Tout est fait pour que le passage illégal ne soit pas possible à Calais", qui "n'est pas une porte d'entrée dérobée vers l'Angleterre", a-t-il martelé, en assurant que l'Etat ne laisserait également pas "se construire des filières illégales" dans cette région.

Des sanctions en cas de manquements aux règles de déontologie 

Tout en les assurant de son soutien, Emmanuel Macron a appelé les forces de l'ordre à ne pas confisquer les effets personnels des migrants, une pratique observée à plusieurs reprises par des associations d'aide, et contre laquelle celles-ci ont porté plainte lundi

Tout en dénonçant des "mensonges" dans les critiques portées à l'encontre de l'action des forces de l'ordre à Calais, le chef de l'Etat a fait savoir que des "sanctions" seraient prononcées en cas de manquement aux règles de déontologie. 

"Aucun manquement à la déontologie ne sera toléré" et "si manquement il y a, des sanctions seront prises", a-t-il ainsi déclaré, annonçant qu'une circulaire serait prochainement adressée aux préfets en ce sens. Et de développer: "Je ne peux pas laisser accréditer l'idée que les forces de l'ordre exercent des violences physiques ou confisquent les effets personnels" des migrants, ou "utilisent des gaz lacrymogènes sur les points d'eau". "Ma réaction sera proportionnelle à la confiance sans faille que nous plaçons en vous", a encore lancé Emmanuel Macron aux forces de l'ordre.

Mais en parallèle, le chef de l'Etat a adressé un avertissement fort aux associations, les appelant à la "responsabilité" dans leur action auprès des migrants. Les associations qui "encouragent ces femmes et ces hommes à rester, à s'installer dans l'illégalité, voire à passer" en Grande-Bretagne "prennent une responsabilité immense" et "jamais elles n'auront l'Etat à leurs côtés", a-t-il affirmé.

Une prime pour les forces de l'ordre du secteur de Calais

Le chef de l'Etat a également annoncé la mise en place d'une "prime exceptionnelle de résultat" en 2018, pour les forces de l'ordre affectées dans le Calaisis.

"J'ai demandé au ministre de l'Intérieur" Gérard Collomb, "au regard des conditions particulières d'exercice de leur mission, d'accorder cette année aux policiers et gendarmes affectés de manière permanente dans le Calaisis une prime exceptionnelle de résultat", a ainsi déclaré Emmanuel Macron, sans toutefois préciser ce dispositif. 

La distribution de nourriture assurée par l'Etat 

Enfin, Emmanuel Macron a encore annoncé que l'Etat allait "prendre en charge" la distribution de repas aux migrants de Calais, un service fourni aujourd'hui par les associations, dont certaines ont refusé de le rencontrer ce mardi. 

"Il y a un service que nous n'apportons pas encore. C'est l'accès à la nourriture et aux repas, qui est assuré aujourd'hui par les associations. Je vais vous le dire très clairement, nous allons le prendre à notre charge, de manière organisée, avec des points mobiles, sans tolérer aucune installation de campements illicites", a déclaré le président dans son discours.

A deux jours d'un déplacement à Londres, Emmanuel Macron a en outre évoqué les pistes de travail avec les Britanniques: "mieux gérer" le dossier des mineurs isolés non accompagnés, "renforcer la coopération policière à Calais" ainsi qu'"avec les Etats d'origine et de transit", et "développer un fonds pour soutenir les projets importants pour le Calaisis".
Adrienne Sigel