400 invités pour recevoir Macron: quand l'Église s'inspire du "dîner du Crif"

Emmanuel Macron rencontrera les évêques de France ce lundi soir - MONEY SHARMA / AFP
C’est une grande première. Emmanuel Macron se rendra ce lundi soir à la Conférence des évêques (CEF) de France. Objectif pour l'Église: faire naître un grand événement médiatique, à l'image du dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), devenu un rendez-vous politique incontournable auquel le président avait participé il y a un mois.
Une comparaison néanmoins rejetée par les organisateurs de la CEF qui, à travers cet événement, souhaitent uniquement "s'adresser de manière plus large" à l'État et à la société, selon Mgr Olivier Ribadeau Dumas, porte-parole des évêques.
De nombreux invités seront présents. Ministres, élus, chefs d’entreprise, intellectuels, mais aussi personnes âgées, handicapées, précaires… Le chef de l’État s’exprimera devant 400 personnalités catholiques conviées par le président de la CEF, Mgr Georges Pontier, dans la grande nef cistercienne du collège des Bernardins à Paris.
"Prendre la parole de manière officielle"
"On nous reproche toujours de nous dissimuler, cette fois nous allons prendre la parole de manière officielle", a encore expliqué à quelques journalistes l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, membre du conseil permanent de la CEF.
La date de cette réception, qui prendra la forme d'un simple cocktail, n'a pas été choisie au hasard. Huit jours après Pâques, fête de la résurrection du Christ, la CEF entend "célébrer la force de la vie dans toutes ses dimensions". Avant l'adresse de Mgr Pontier au chef de l'État et l'allocution de ce dernier, trois binômes associant une personne vulnérable (une personne âgée, un autiste, une ex-SDF en colocation solidaire) et un accompagnateur prendront la parole.
La PMA au centre des crispations de l'Église
Auprès du président, les catholiques devraient faire part de leurs inquiétudes. Les questions relatives aux réfugiés, à la laïcité ou aux inégalités sociales devrait ainsi être abordées. Tout comme celle de la bioéthique.
En effet, le gouvernement prépare un probable élargissement de la PMA (procréation médicalement assistée) aux femmes homosexuelles et célibataires. Une mesure qui crispe l’épiscopat, même si les fidèles semblent un peu plus ouverts. C’est notamment le cas de Catherine et Marianne, chrétiennes pratiquantes, qui ont eu recours à la PMA en Belgique il y a quatre ans. Une méthode qui a divisée :
"Au niveau de la famille, ça s’est bien passé. Dans la paroisse ça a été un peu plus difficile parce qu’on était dans le contexte ‘Manif pour tous’. L’Église, sur les questions de procréation, ne peut pas juger la vie des gens sans connaître le fond", estime Marianne.
Plus d'un tiers des catholiques pratiquants favorables à la PMA pour toutes les femmes
De son côté, Catherine aimerait que les couples chrétiens ayant eu recours à la PMA s’expriment pour libérer la parole: "Ça ne devrait pas être tabou. Aujourd’hui, il y a encore des chrétiens qui ne le disent pas parce qu’ils pensent que c’est un pêché, parce que l’Église l’a dit".
Selon un sondage Ifop plus d’un tiers des catholiques pratiquants se disent favorables à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes. Chez l'ensemble des Français, six personnes interrogées sur dix sont également pour.
"Cela pourrait rouvrir des plaies"
Reste que la CEF a déjà fait savoir son désaccord sur l’ouverture de la PMA aux femmes homosexuelles. "Cela pourrait rouvrir des plaies", avait prévenu Mgr Pontier sur RTL.
"Il y a en jeu, non seulement le désir de chacun, mais le respect de l’enfant qui est le plus fragile. En cela, nous pensons qu’il n’est pas juste de faire de l’enfant un droit", avait-il déclaré, ajoutant qu’il "faut aller très très prudemment et ne pas court-circuiter le temps du débat".
Mais sur l’élargissement de la PMA, le temps n’est plus pour l’épiscopat au choc frontal avec l’exécutif, comme lors de l’opposition au mariage homosexuel en 2012-2013. C’est pourquoi, sur ce sujet sensible comme sur les autres, la tonalité des échanges entre Emmanuel Macron et les évêques s’annonce relativement consensuelle.