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Présidentielle: comment l'immigration devient le thème central du début de la campagne

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De la droite à l'extrême droite, les candidats aujourd'hui déclarés dans la course à l'Elysée ont fait du thème de l'immigration leur principal sujet de campagne.

C'est le sujet qui semble sur toutes les lèvres en ce début de campagne présidentielle. À sept mois du scrutin, les candidats déclarés à la course à l'Elysée mettent en avant leurs propositions phares sur le sujet de l'immigration.

Avec pour volonté, peut-être, de ne pas paraître trop à la traîne sur un sujet qu'Eric Zemmour, pas encore candidat mais toujours plus haut dans les sondages, semble avoir imposé dans le discours politique.

Au RN, l'ombre de Zemmour

À l'extrême droite d'abord, Marine Le Pen a présenté mardi son "plan de maîtrise de l'immigration", qui s'articulerait, si elle était élue, autour d'un référendum sur la question. Un projet de loi "complet" qui viserait, selon la candidate du RN, à réguler "drastiquement" l'immigration et rétablir des critères stricts pour l'entrée sur le territoire et l'acquisition de la nationalité française.

Au moment où la candidate du Rassemblement national assiste à la montée en puissance d'un Eric Zemmour qui rogne directement son socle électoral, Marine Le Pen semble vouloir rappeler que l'immigration est le thème central de projet. Elle dénonce les "faux prophètes" et vise le polémiste sans le nommer. Mais plus que ça, elle se congratule même de l'importance qu'a pris l'immigration dans le discours politique aujourd'hui:

"Tous les candidats se contorsionnent pour essayer de se faire entendre sur ce thème qui s’impose de lui-même", a-t-elle lancé, en célébrant "la victoire idéologique des nationaux".

La droite, presque unanime à l'idée d'un référendum

L'idée du référendum sur l'immigration n'est effectivement pas réservée au programme du Rassemblement national. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, n'a pas encore affirmé qu'il se soumettrait au congrès des Républicains. En revanche, il est bel et bien candidat à l'Elysée, et dresse déjà les contours de son programme. À la mi-septembre, il avait évoqué sur notre antenne qu'en cas de victoire en 2022, il organiserait un référendum "dès l'automne pour reprendre en main notre politique migratoire".

"Je demanderais aux Français s’ils sont d’accord pour que chaque année, le Parlement dise, dans un débat totalement transparent, combien d’étrangers nous sommes en mesure d’accueillir et d’intégrer. Est-ce que nous avons de l’emploi pour eux? Est-ce que nous avons les conditions de logement? Est-ce qu’ils pourront vivre décemment? Est-ce qu’ils maîtrisent le français? Est-ce qu’ils sont d’accord avec les valeurs de la République ? Et c’est, chaque année, le Parlement qui déterminera clairement le nombre d’étrangers que nous accueillerons", avait-t-il déclaré.

Même son de cloche chez les candidats déjà déclarés à l'investiture LR. L'ancien négociateur du Brexit Michel Barnier estime que "la question de l'immigration est grave, elle va provoquer des ruptures", et propose un moratoire et un référendum "pour retrouver notre souveraineté juridique dans certains domaines".

Éric Ciotti, lui aussi candidat au congrès des Républicains, propose "un grand référendum dès juin 2022 sur les questions identitaires, migratoires et sur la protection de notre pays". Quant à Valérie Pécresse, son directeur de campagne Patrick Stefanini, lui-même spécialiste des questions de l'immigration, était invité de BFMTV ce mercredi. Et il assure que sa candidate n'a pas attendu l'arrivée d'Eric Zemmour dans le débat public pour s'intéresser à la question:

"S'agissant de l'immigration, elle (Valérie Pécresse) propose d'une part de réviser la Constitution pour y inscrire le principe selon lequel la République française détermine chaque année le nombre maximal d'étrangers qu'elle admet au séjour. C'est la notion de quotas, de plafond d'immigration. Et en parallèle, Valérie Pécresse propose de renégocier les accords bilatéraux qui nous lient avec les principaux pays d'origine de l'immigration" détaille-t-il.

Au gouvernement, on suit le mouvement?

Mardi, le gouvernement a décidé de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens et Marocains, et de 33% pour les ressortissants de Tunisie. Une décision inédite, aux allures de sanction en raison du "refus" de ces trois pays du Maghreb de "reprendre" leurs ressortissants refoulés de France.

Mais surtout, ce serrage de vis étonne par son timing, annoncé le même jour que celui choisi par Marine Le Pen pour dévoiler son plan sur l'immigration. Si Emmanuel Macron n'est pas encore officiellement candidat à sa réélection, Marlène Schiappa s'est défendue ce mercredi matin sur Franceinfo d'une éventuelle influence du débat politique actuel sur cette décision gouvernementale:

"On ne fait pas notre agenda en fonction de celui de Marine Le Pen. Il n'était pas de notoriété publique qu'elle ferait ces annonces-là, et nous les annonces on les fait quand elles sont prêtes", a assuré la Ministre déléguée chargée de la Citoyenneté. "Ca veut dire que pendant six mois on ne fait plus rien, on se tourne les pouces, on reste assis, on regarde les choses passer et on ne fait rien car sinon on vient nous dire que c'est pour la présidentielle?"

Le gouvernement avancerait sur la question sans se soucier de l'importance qu'a pris l'immigration dans ce début de campagne, donc. Un sondage L'Opinion en direct publié mercredi dernier sur BFMTV révélait d'ailleurs que le thème de l'immigration n'arrivait qu'en 4e position des préoccupations principales des Français en vue de la présidentielle, tandis que le pouvoir d'achcat trônait en première place. Pourtant, auprès de BFMTV.com, Sacha Houlié, député LaREM de la Vienne, reconnaît: "Les candidats dans la course vont parler d'immigration, de sécurité. Eric Zemmour élimine toute une partie des grands enjeux de la société française".

Louis Augry