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Elections Municipales 2026

Matthieu Theurier, 30 ans et écolo pur jus, candidat à Rennes

Mathieu Theurier, candidat EELV-Front de gauche aux municipales à Rennes.

Mathieu Theurier, candidat EELV-Front de gauche aux municipales à Rennes. - -

NOUVELLE TETE #9 - A 30 ans, Matthieu Theurier est le candidat à Rennes de la liste commune Europe Ecologie - Les Verts et Front de gauche. Un écolo pur jus, dans une ville au long passé socialiste.

>> Dans quelques mois, ils seront maires, conseillers municipaux, auront pris du poids dans leur parti, ou seront de retour à la case départ. BFMTV.com dresse une série de portraits des jeunes pousses des municipales. Voici le neuvième épisode.

Matthieu Theurier est un écolo pur jus. Vélo, bio, engagement associatif, il prône la force du collectif et revendique "bosser à fond [s]es dossiers". A Rennes, où le PS a régné en maître plus de 30 ans, il représente une liste peu ordinaire, cogérée avec une candidate du Front de gauche.

De quand date votre engagement en politique?

J'ai commencé à m'investir à l'âge de 17, 18 ans. Je m'intéressais depuis très jeune à tous les sujets de société. D'ailleurs, je ne me considère pas comme une "jeune pousse" ni un jeune candidat: je me suis toujours investi dans la vie de Rennes, depuis ma majorité. Il n'y a pas d'âge pour porter des valeurs!

Un événement en particulier a décidé de votre engagement?

Il y en a deux: d'abord la marée noire après le naufrage de l'Erika, en 1999. Moi qui aime l'environnement, et particulièrement la mer, j'avais pensé à l'époque que je ne pouvais plus rester les bras croisés. Il fallait que j'agisse.

Le deuxième évènement, c'est la présidentielle de 2002 où Jean-Marie Le Pen arrive au second tour. A ce moment, je décide de m'engager en politique, chez les Verts. J'ai pris ma carte à 19 ans. Chez les Verts, ce qui m'a tout de suite attiré, c'est le débat démocratique et aussi les responsabilités qu'on vous donne. J'ai été porte-parole du groupe local en 2008, j'avais alors 23 ans.

> SES MODÈLES

Quelles sont vos "grandes figures" politiques?

En bon écolo, je crois plus en la force du colletif qu'à la portée de grandes figures politiques. On change les choses, quand on le fait ensemble! Néanmoins, quelques penseurs ont marqué leur temps. Pour moi, il s'agit d'un illustre inconnu, Charles Gide, l'un des penseurs de l'économie sociale et solidaire au 19e siècle en France. C'est lui qui m'a marqué quand j'étais étudiant en économie, spécialisé en économie sociale et solidaire.

De quelles personnalités politiques êtes-vous proche?

Une personne m'a ébloui, c'est Stéphane Hessel, qui nous a souvent soutenu. C'était un grand monsieur. Nous étions allés le voir en délégation lors d'un de ses passages à Rennes.

Qui vous a mis le pied à l’étrier?

Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée écologiste, m'a aidé. On a beaucoup échangé, et milité ensemble [il a été son porte-parole en 2008]. Mais mon engagement aujourd'hui est le prolongement de ce que je fais depuis 12 ans. Je ne suis que le porte-parole du groupe.

Au sein des Verts, j'ai un parcours classique. J'ai adhéré tôt, et c'est par le biais du parti que je m'engage dans d'autres associations: je suis parti en Palestine, j'ai créé une association pour la défense du vélo, une autre pour des repas bio dans les cantines scolaires… J'ai touché à tout en termes de militantisme. C'est en 2005-2006 que j'ai commencé à m'intéresser à la vie institutionnelle du parti.

> SON AGENDA

Qui vous a poussé à être candidat?

J'en avais envie, et j'ai travaillé pour. Mais je l'ai fait parce que mes amis d'EELV m'ont fait comprendre que je pouvais y aller. C'est l'adéquation de deux choses: individuellement, j'étais prêt, mais j'étais surtout soutenu par un collectif.

De quoi vit-on quand on fait campagne?

J'ai réduit mon temps de travail (je suis chargé de mission dans une collectivité locale) pour pouvoir partir plus tôt. Et je vais poser des congés pour les dernières semaines. C'est un rythme particulier, il faut y être préparé. On a des choses à faire tous les soirs, il faut tenir sur la longueur, parler en public... Mais on adore aller à la rencontre des gens, c'est un vrai moteur. C'est une expérience magnifique.

Quelle est votre vision de la campagne?

On s'appelle "changez la ville": c'est un appel aux Rennais pour qu'ils reprennent en main le débat. On veut recréer du lien entre politiques et citoyens. Il faut recréer ce lien, et renouveler le logiciel de pensée de la gauche, car aujourd'hui, elle n'apporte plus de réponses. Et cela, combiné au sentiment d'être lâché par les politiques, fait le terreau du Front national.

Notre campagne est donc axée sur le fait de redonner la parole. On a sorti un livre début janvier, avec 500 propositions, et on a laissé volontairement des pages blanches à la fin pour que les gens puissent nous faire parvenir les leurs. A la fin de la campagne, on publiera une deuxième version du livre, enrichi des propositions de tous.

Un dossier que vous portez tout particulièrement?

Il y en a plusieurs, en fait: du fait de mes études, l'économie et l'emploi – pas uniquement l'économie solidaire, aussi la macroéconomie, l'industrie, etc.

Via mon parcours en économie solidaire, j'ai créé et travaillé pour une association sur l'habitat participatif, donc les questions de logement et d'urbanisme m'intéressent aussi. Sans oublier celle des transports.

>> Voir son programme

Qui travaille avec vous?

La particularité de cette liste, c'est qu'on la mène à deux: je suis numéro 1, mais en binôme avec Valérie Faucheux, du Front de gauche. On fait tout à deux, c'est avec elle que je travaille le plus. Et puis nous sommes 61 sur la liste, donc évidemment nous travaillons tous ensemble. Avec nous, il y a aussi un comité de soutien qui a déjà réuni 200 signatures. Enfin, nous avons deux salariés, les "petites mains" de la campagne, qui accomplissent un énorme boulot.

Vous vous voyez où dans trois mois?

Dans trois mois, je me vois à la mairie de Rennes, évidemment! (Il sourit)

Et dans 10 ans?

Dans 10 ans… (il hésite) Je me vois toujours engagé. Cela fait dix ans que je le suis, et je me vois bien l'être encore dix ans. Si je suis élu, ce n'est pas impossible que je le sois encore dans 10 ans! Mais on verra. Il y a plusieurs formes d'engagement, alors on ne sait jamais...

Ariane Kujawski