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Nupes, RN ou blanc? Les coulisses du cafouillage des consignes de vote de la macronie pour le second tour

Duels Nupes-RN: les coulisses du cafouillage de la consigne de vote de la majorité présidentielle

Duels Nupes-RN: les coulisses du cafouillage de la consigne de vote de la majorité présidentielle - BFMTV/AFP

Face aux duels "RN-Nupes" du second tour des législatives, le gouvernement a d'abord appelé à voter "au cas par cas" avant de rétropédaler en précisant qu'il ne fallait "pas une voix à l'extrême droite". À l'origine: un manque d'anticipation du nombre de duels. Ce lundi matin, le gouvernement est passé aux rattrapages.

"Barrage républicain", "pas de voix pour les extrêmes", "au cas par cas"... Au lendemain du premier tour des législatives, les consignes se précisent. En cas de duel Nupes-RN dans les 58 circonscriptions concernées dimanche prochain, qu'appelle à voter la majorité présidentielle?

Plus claires, après un embrouillamini hier soir dont BFMTV vous raconte les coulisses, les consignes de vote évoquent toujours le "cas par cas". Et ce matin sur les plateaux, les ministres peinaient encore à s'unir complètement sur les élements de langage. Et à définir une règle claire.

"On n'allait pas en faire un sujet"

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement... Encore faut-il avoir un peu anticipé. Lors de la soirée électorale hier soir le cafouillage démarre à l'Élysée à 19h, une heure avant que ne tombent les résultats officiels. Selon nos informations, Emmanuel Macron préside une réunion avec notamment la Première ministre, la porte-parole du gouvernement, les ténors du parti, mais aussi Édouard Philippe et François Bayrou. Certains la suivent au téléphone. 

S'ensuit une deuxième réunion, une "conf call" comme les marcheurs l'appellent. Animée par Christophe Castaner, elle a pour objectif de ciseler les éléments de langage de la soirée. À l'autre bout du fil, ceux qui vont aller commenter sur les plateaux de télévision et de radio ainsi que les communicants de la macronie. Lors de cet échange, la ligne fixée est la suivante: le cas-par-cas.

"On pensait qu'il y aurait seulement 10 cas de duels RN-Nupes. On n'allait pas en faire un sujet", confie un dirigeant d'Ensemble.

En clair: circulez, il n'y a rien à voir. Interrogée une demi-heure après la publication des premiers résultats, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire observe scrupuleusement les consignes.

"C'est une question qui concerne très peu de circonscriptions. Donc moi je veux bien qu'on tire des généralités sur deux ou trois ou peut-être une dizaine de circonscriptions... Je crois que ce sont des débats locaux et que ce n'est pas ce soir un enjeu national", balaye-t-elle ainsi sur France 2 déclenchant une polémique en n'appelant pas à "faire barrage" au RN.

Rétropédalage: "pas une voix au RN"

Sauf que le nombre de circonscriptions monte à près de 60 dans la soirée. Vers 22h30, selon nos informations toujours, pressé et alerté par certains invités en plateau qui n'y voient pas clair, l'Élysée tranche.

"Pas une seule voix au RN".

C'est Emmanuel Macron lui-même qui recadre le débat et fait passer la nouvelle consigne. Une clarification tardive qui a valu une soirée de cafouillage à la majorité présidentielle dont elle se serait bien passée. Mais qui n'a pas non plus permis le lendemain matin de comprendre exactement la règle face à certains candidats Nupes.

Dans les matinales ce lundi et sur les réseaux sociaux, les membres du gouvernement sont tous invités à s'exprimer sur ces circonscriptions dont le 2e tour se joue sans eux. Et là, les teintes du son de cloche diffèrent un peu d'un ministre à l'autre.

"Pas une voix au RN", a martelé Stanislas Guérini sur notre antenne tout en assurant qu'il a trouvé Olivia Grégoire très claire la veille. "Le combat contre l’extrême droite n’est pas un principe à géométrie variable", avertit Pap N'Diaye sur Twitter en appelant au front républicain. Mais est-ce un appel à voter pour l'opposition? À s'abstenir? C'est alors que le cafouillage reprend.

Quelques heures plus tard, le ministre de la Fonction publique et délégué général de LaREM -en posture délicate à sa réélection dans la 3e circonscription de Paris- va plus loin. Dans la 11e du Pas-de-Calais, Stanislas Guerini appelle à voter Nupes contre Marine Le Pen.

Le "cas par cas" pas non plus exclu

"On renvoie à nos candidats au niveau local le soin de juger si le candidat de la Nupes se retrouve dans les valeurs de la République (...), s'il n'est pas à rebours de valeurs universalistes", a déclaré Gabriel Attal sur France Inter renouant avec la consigne du "cas par cas".

"Ce n'est pas la même chose d'avoir une Valérie Rabault d'un côté qui est une socialiste qui a une clarté absolue sur les valeurs de la République et une candidate dont le suppléant ou la suppléante a été condamné pour avoir agressé des forces de l'ordre", explique-t-il en faisant allusion à la candidate et présidente du groupe LFI à l'Assemblée, Mathilde Panot et sa suppléante Farida Chikh, infirmière d’Ivry-sur-Seine, condamnée à une amende avec sursis pour avoir notamment adressé des doigts d’honneur et jeté des projectiles à des policiers lors d’une manifestation de soignants, à Paris.

La porte-parole Olivia Grégoire sur RTL ce lundi matin également évoque "50 nuances de Nupes". Valérie Rabault, dans le Tarn-et-Garonne? "Oui, trois fois oui face au RN", abonde-t-elle aussi. Mais "les quelques candidats qui ont des positions anti-républicaines, les quelques candidats qui ont en suppléants des gens qui ont été condamnés pour avoir caillassé la police? Non", soutient l'ancienne secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale, solidaire et responsable.

"Donc quand on dit cas par cas, c’est effectivement sur très peu de cas - ça se compte sur moins d’une main -, nous nous en remettrons effectivement à la volonté des citoyens'", ajoute la porte-parole. N'évoquant pas de front républicain dans ces quelques circonscriptions.

Quelques secondes plus tôt, juste après avoir évoqué Valérie Rabault, la femme politique mentionne en hésitant et en cherchant sur sa fiche un certain "Guillaume Panot", qui est, lui aussi, "une option aujourd'hui, évidemment", ajoute la ministre. Mais de qui parle Olivia Grégoire? Aucun candidat Nupes ne porte ce prénom et nom. Un lundi matin encore un peu en clair-obscur.

Par Hortense de Montalivet et le service politique de BFMTV