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"Les masques tombent": Guerini suscite un tollé en défendant un candidat condamné pour violences conjugales

Stanislas Guerini, le patron de La République en Marche (LREM), aux Journées parlementaires du parti, à Angers, le 6 septembre 2021

Stanislas Guerini, le patron de La République en Marche (LREM), aux Journées parlementaires du parti, à Angers, le 6 septembre 2021 - JEAN-FRANCOIS MONIER © 2019 AFP

Sur franceinfo ce mercredi matin, le dirigeant de Renaissance (ex-LaREM) a qualifié Jérôme Peyrat, candidat investi par le parti en Dordogne et condamné pour violences conjugales, d'"honnête homme".

La sortie suscite une levée de boucliers. Ce mercredi sur franceinfo, le délégué général de Renaissance (ex-La République en Marche) Stanislas Guerini a défendu Jérôme Peyrat, candidat de la majorité présidentielle aux législatives en Dordogne, alors que ce dernier a été condamné en septembre 2020 à une amende de 3000 euros avec sursis pour des violences conjugales envers une ex-compagne.

"C'est un honnête homme, je ne crois pas qu'il soit capable de violences sur les femmes", a jugé le dirigeant du parti fondé par Emmanuel Macron. "Si j'avais la conviction ou même le soupçon qu'on a affaire à quelqu'un qui puisse être violent et coupable de violences sur les femmes, jamais je n'aurais accepté cette investiture-là", a-t-il aussi assuré.

Immédiatement, ses propos, alors qu'Emmanuel Macron avait fait de l'égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son premier quinquennat, ont provoqué un tollé.

"La question n'est pas la justice (en l'espèce elle est passée et elle a condamné) mais la protection des hommes violents. Merci Stanislas Guerini de le dire avec autant de clarté. Au moins, les masques tombent", a réagi sur Twitter Sandrine Rousseau.

"C'est écoeurant"

"Et personne ne s'insurge??? (...) La justice a pourtant condamné Jérôme Peyrat, cet 'honnête homme', pour violences conjugales, son ex-femme ayant eu 14 jours d'ITT. Et LaREM l'a investi", a quant à elle tancé par le même canal la députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain.

Sur Twitter aussi, la responsable du programme l'Avenir en commun, Clémence Guetté, a elle évoqué l'"ITT de 14 jours", les "douleurs à la mâchoire", "un hématome de la face vestibulaire" et le "syndrome d'anxiété post-traumatique" de l'ex-femme de Jérôme Peyrat. "Et Stanislas Guerini se lance dans une ignoble opération de justification", dénonce l'insoumise.

"Comment on peut ENCORE dire des choses pareilles en 2022? (...) Franchement c'est écoeurant comme propos", juge Antoine Léaument, responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon.

"C'est la honte"

"C'est la honte. Capable de couvrir n'importe quoi et n'importe qui! L'exemplarité attendra", a fustigé Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement de Jacques Chirac.

"Il n'y a pas de 'en même temps' en matière de violences conjugales. Le candidat que vous avez investi a été condamné par la justice. Point", a pour sa part écrit sur le réseau social le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner.

"Je pense aux femmes victimes de violences conjugales qui entendent ce spropos d'une violence inouïe. Passer de la grande cause du quinquennat à la grande tartufferie", a abondé le sénateur socialiste du Val-d'Oise Rachid Temal, appelant à une "réaction de la cheffe de majorité Élisabeth Borne".

"Son honneur serait de se retirer"

Jérôme Peyrat, maire de La Roque-Gageac et alors conseiller à l'Élysée, avait démissionné de ses fonctions lors de l'ouverture de l'enquête en janvier 2020. Pour les prochaines législatives, il a été investi face à Jacqueline Dubois, députée LaREM sortante de la circonscription, qui n'a pas obtenu à nouveau l'investiture de Renaissance et sera donc en dissidence. Sur France Bleu Périgord ce mercredi matin, quelques minutes avant que Stanislas Guerini ne tienne ses propos controversés, elle a estimé que la candidature de Jérôme Peyrat "affaibli(ssait) la République en Marche" et que "son honneur serait de se retirer".

"Je fais mienne cette phrase d'Élisabeth Borne (lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex, NDLR), rien ne doit freiner la place des femmes dans notre société", a aussi dit la députée sortante.

Sur franceinfo ce mercredi, Stanislas Guerini avait par ailleurs souligné le fait que "dans cette affaire, il y a eu une dispute, deux condamnations, de part et d'autre et je crois qu'on peut respecter ça", a-t-il ajouté, soulignant que l'ex-compagne de Jérôme Peyrat "a elle aussi été condamnée". Selon France Bleu, elle a elle-même été condamnée à des amendes de 500 et 800 euros pour des appels et SMS malveillants à Jérôme Peyrat et des proches.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV