"Danger", "désordre", "soumission aux idées antisémites": en difficulté, Montchalin étrille la Nupes

Amélie de Montchalin le 23 mai 2022 à Paris - JULIEN DE ROSA / AFP
Hausser le ton pour sauver sa peau. Amélie de Montchalin, devancée de 6,85 points par Jérôme Guedj, son adversaire Nupes dans la 6ème circonscription de l'Essonne, tire à vue pour tenter d'être réélue dimanche soir. La ministre de la Transition écologique joue gros. En cas de défaite, elle devra quitter le gouvernement.
"Les Français, partout en France et aussi en Essonne, vont devoir choisir entre un projet qui est celui de Jean-Luc Mélenchon, un projet de soumission, de recul, de mensonge, un projet qui affaiblit la police en disant qu'elle tue", a lancé la candidate aux législatives sur BFMTV quelques minutes après avoir appris qu'elle avait récolté 31,46% des voix, loin donc derrière son concurrent de l'union de la gauche (38,31%).
Match retour
Amélie de Montchalin est d'autant plus consciente de la nécessité de se battre qu'elle fait face à une figure localement très implantée. Jérôme Guedj a été élu pendant plus de 17 ans au conseil départemenal dont il a été le président jusqu'en 2015.
Ce duel a tout du match retour alors que la trentenaire l'avait sèchement battu en 2017. Député sortant, il n'était alors même pas parvenu au second tour avec seulement 13% des voix.
Mais les temps ont changé. Jean-Luc Mélenchon, très longtemps élu de l'Essonne, a récolté plus de 30% des voix dans cette circonscription au premier tour de la présidentielle le 10 avril dernier. De quoi pousser la ministre à taper à tout crin.
"Un accord électoral qui promet le désordre et la soumission"
Le lendemain du second tour, la candidate évoque, sans citer nommément son concurrent, "un référendum contre ces candidats, qui se sont alliés dans un accord électoral mais qui n’est pas un accord de fond, et qui promet aux Français le désordre et la soumission, la soumission à la Russie, la soumission à des idées antisémites" sur CNEWS.
Jérôme Guedj, qui a lancé le prix Ilan Halimi en hommage à ce jeune homme de confession juive tué par le gang des Barbares en 2006 et est lui-même de confession juive, ne goûte guère ces accusations.
"Quel avilissement, quelle panique, quel mépris pour le débat républicain", lui répond sur Twitter l'ancien député de l'Essonne, actuellement secrétaire national du PS en charge de la "laïcité et du pacte républicain".
"Un tour de passe-passe"
Amélie de Montchalin persiste et signe le soir même sur LCI ses attaques.
"Je dénonce le soupçon permanent. Moi je les ai vus à l'Assemblée, mettant en doute nos institutions, la légitimité démocratique, chercher dans la rue ce qu'ils n'ont pas eu dans les urnes. Il y a là un danger et j'assume les propos que j'ai eus ce matin. Ça s'appelle objectivement le désordre", avance la ministre de la Transition écologique.
Dernier angle d'attaque utilisé par la candidate: le supposé parachutage de Jérôme Guedj dans le département.
"Il a quitté l'Essonne, devait être candidat aux législatives à Paris et revient finalement au dernier moment, envoyé par la Nupes. Les électeurs ne sont pas dupes de ce tour de passe-passe", a-t-elle encore expliqué dans les colonnes des Échos.
Les électeurs de droite et d'extrême droite faiseurs de roi
Investi dans un premier temps dans la 11e circonscription de Paris, Jérôme Guedj a finalement décidé de se présenter dans son ancien fief électoral, sur "demande de la fédération locale de l'Essonne", précise auprès de Libération la socialiste Olivia Polski qui a mené campagne à sa place dans la capitale.
Réponse de son concurrent Nupes dans les colonnes des Échos: "je suis un enfant de Massy, où j'ai toujours une maison, je vote dans la circonscription, contrairement à mon adversaire, et j'ai toujours conservé des mandats locaux en Essonne".
Ce sont les électeurs du RN, de Reconquête et des LR qui désormais détiennent entre leurs mains l'issue du scrutin dans la 6e circonscription de l'Essonne alors que Jérôme Guedj ne dispose pas de réservoir de voix.