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Élections européennes: Macron veut revenir aux listes nationales

Emmanuel Macron veut changer les règles des européennes

Emmanuel Macron veut changer les règles des européennes - ALAIN JOCARD / AFP

Le chef de l'État envisage un retour aux listes nationales pour les européennes qui se dérouleront en mai 2019. Une option qui pourrait être favorable aux candidats de La République en marche.

Pas de temps à perdre. Plus d’un an avant les élections européennes de mai 2019, la majorité s’affaire déjà à élaborer la meilleure stratégie possible pour sortir vainqueur du scrutin, rarement favorable au pouvoir en place. Et une idée émerge déjà dans la tête d'Emmanuel Macron et des leaders de La République en marche: en finir avec les huit circonscriptions interrégionales au profit de listes nationales, révèle L’Opinion.

Depuis 2004, la France est effectivement divisée en huit circonscriptions (Outre-mer, Est, Sud-est, Ouest, Nord-ouest, Sud-ouest, Massif central-Centre, Ile-de-France) pour les élections européennes. Chaque circonscription est appelée à élire une partie des députés français en fonction de son nombre d'habitants. Les sièges sont quant à eux attribués à la proportionnelle parmi les listes qui recueillent au moins 5% des suffrages exprimés. Une organisation qui, vraisemblablement, ne convient plus au chef de l'État.

"Nationaliser" l'élection

Concrètement, la circonscription unique présente un avantage majeur pour Emmanuel Macron. Elle permet au président d’en finir avec les campagnes régionales qui nécessitent souvent d’avoir un fort ancrage local. Ce qui est loin d’être le cas de La République en marche.

Place donc à la campagne nationale, plus intéressante pour une jeune formation politique au sein de laquelle les candidats, encore peu connus du grand public, pourront s’appuyer sur l’image présidentielle et profiter des grands médias pour mettre un coup de projecteur sur le scrutin. "Plus ça s’éloigne du terrain, plus La République en marche a des chances de faire des voix. Quand on n’a pas d’ancrage local, c’est plus facile de faire campagne sur les plateaux télé que sur le terrain", confie un député PS à L’Opinion.

Et ce chantier électoral, qui pourrait s'accompagner d'un regroupement des élections locales, a aussi pour objectif d’affaiblir les adversaires. À commencer par le Parti socialiste où les positions sur l’Europe divergent. Même chose chez les Républicains qui déplorent un "tripatouillage scandaleux". "Depuis toujours, les citoyens reprochent aux députés européens d’être inconnus et hors sol. Les circonscriptions interrégionales avaient permis de les rapprocher. Sur une liste nationale, ce ne sont que des fonctionnaires nommés par des chefs de parti", observe le député européen Alain Lamassoure. "Cela va couper les députés européens des réalités territoriales", poursuit Arnaud Danjean. En revanche, la France insoumise et le Front national se sont prononcés en faveur des listes nationales.

Premier test pour Macron

Pour Emmanuel Macron, l’enjeu est double. D’abord, il s’agit des premières élections depuis son arrivée à l’Élysée et, bien qu’il ne mobilise généralement que peu d’électeurs, ce scrutin servira d’indicateur de l’opinion en permettant aux Français de renouveler leur confiance au président de la République ou, au contraire, de lui infliger une première sanction à mi-mandat. Des élections à valeur de test, en somme. Ensuite, une arrivée massive de députés estampillés LREM-MoDem à Strasbourg serait un signe fort envoyé par le chef de l’État, lui qui n’a cessé de se présenter comme fervent défenseur de l'Union européenne.

Le 10 octobre déjà, lors du deuxième dîner de la majorité, le Premier ministre Édouard Philippe avait avancé l’idée d’un retour à la circonscription unique pour les élections européennes, rapporte encore L’Opinion. Une proposition qui a visiblement emballé le plus grand nombre et notamment François Bayrou… D’ailleurs, son nom circule déjà pour conduire la liste LREM-MoDem. Nicolas Hulot ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet sont également envisagés pour tenir le rôle.

Des arguments à faire valoir

Pour convaincre, La République en marche a déjà préparé ses arguments. Comme le rappelle L’Opinion, la nationalisation du scrutin est déjà en place dans la plupart des 28 pays de l’Union, à l’exception de la Belgique, de l’Irlande, de l’Italie et de la Pologne qui conservent plusieurs circonscriptions.

Les leaders de la majorité affirment également que la réforme territoriale de 2014, qui a entériné le découpage de l’Hexagone à 13 régions, oblige à un changement de règles, les huit circonscriptions interrégionales ne correspondant plus au nouveau tracé du territoire. "Les traités européens obligent à la proportionnalité. Faire de ces 13 régions des circonscriptions pour les européennes ne permettrait pas de respecter cette obligation", assure l’ex-ministre et actuelle présidente MoDem de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée, Marielle de Sarnez.

Baisse de participation

Enfin, le parti de la majorité note que la réforme de 2003 qui a acté le passage aux huit circonscriptions n’a pas eu l’effet escompté. Celle-ci devait effectivement permettre d’impliquer davantage les électeurs dans le scrutin. Or, la participation aux européennes a chuté de 52% en 1994 à 40% en 2009.

Ainsi, avec les listes nationales, Emmanuel Macron espère déjouer les pronostics et réaliser une aussi bonne performance que le président Sarkozy dont le parti (UMP) avait, aux côtés de l’UDI, remporté les européennes en 2009. Fait rare. Il s’agirait en outre d'un premier pas vers les transnationales (candidats de plusieurs nationalités) que le chef de l’État espère mettre en place avant la fin de son quinquennat.

P.L