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Politique

Des conférences, des élus et des rémunérations

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier

Les Coulisses de la Politique par Véronique Jacquier - -

Polémique ! Harlem Désir dénonce « la politique business » de Jean-François Copé. Le patron de l'UMP a donné une conférence rémunérée en Afrique la semaine dernière. Est-ce compatible avec son statut d'élu ?

Oui. Donner une conférence rémunérée pour un homme politique élu, ça n'a rien d'illégal. Harlem Désir cogne sur Jean-François Copé chef de parti. Il estime que la démarche du patron de l'UMP est contraire aux principes d'éthique et de transparence. Mais les proches de Jean-François Copé ripostent. Oui, il a donné une conférence en Afrique. La 2e en deux ans. Rien n'était caché puisque la prestation du patron de l'UMP est visible sur Internet. Oui, elle était rémunérée mais pas autant qu'on ne le dit. Beaucoup, beaucoup moins de 30 000 euros. Chez Copé, on assume donc, en indiquant que les politiques ont le droit de faire "des ménages" (animer une conférence contre rémunération - ndlr) comme en font certains journalistes. Sauf qu'un journaliste n'a pas été élu pour servir la République ! C'est la différence...

Justement ! C'est discutable de monnayer son image et son influence de dirigeant ?

C'est discutable. Mais c'est un fait ! Nicolas Sarkozy a ouvert en France la voie du "Politique Business". En tant qu'ancien président, il est rentré dans le cercle très fermé des conférenciers qu'on rémunère 150 000 euros pour trois quart d'heure. Il y a d'anciens ministres comme Claude Allègre ou Hubert Védrine qui sont extrêmement bien rémunérés pour faire valoir leurs expertises. Entre 5 et 15 000 euros. Mais on leur reconnait une compétence autre que politique. Et ils ne sont plus élus ! Il y a un phénomène de mode en ce moment. Il n'est plus tabou de raconter les coulisses du pouvoir. D'anciens ministres sarkozystes sont sollicités pour confier leur expérience au plus haut niveau de l'état. Est-ce que ça mérite salaire ? C'est toute la question. Il y a ceux qui se font payer comme Hervé Novelli, Luc Chatel ou Xavier Bertrand, mais il y en a quelques-uns qui le font gratuitement. Donc la limite est morale...Elle est celle que chaque élu se fixe !

Mais à l'heure de la transparence après l'affaire Cahuzac, on ne peut pas revoir le statut de l'élu ?

Il vient d'être revu et corrigé avec la fin du cumul des mandats. En coulisse les élus disent: "Vous n'allez pas nous interdire de donner des conférences, de gagner de l'argent, de partir en vacances et nous demander en même temps d'être disponible 24/24 !". Il n'y a pas que Jean-François Copé qui a donné une conférence rémunérée. François Fillon en tant qu'ancien Premier ministre en a donné 3 dans l'année... grassement payé. Justification de ses proches : « C'est pour élargir son cercle de rencontres et peaufiner sa stature internationale » en vue de 2017... S'il se fait payer, même si ses intentions sont bonnes, ce n'est pas plus louable que Jean François Copé. Mais ces hommes font partie d'un système dominé par les anglo-saxons chez qui ces pratiques ne choquent pas. Si Copé et Fillon ne se faisaient pas payés, ils ne seraient pas considérés à l'étranger ! En France, on attend de l'élu qu'il vive sa fonction comme un sacerdoce au service de la République. Mais peu d’élus aspirent à être des saints ! 

Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du lundi 29 juillet : Les Coulisses de la Politique

Véronique Jacquier