Derniers jours avant le premier tour: à chaque candidat sa stratégie

Les cinq principaux candidats à la présidentielle avant le débat du 20 mars sur TF1. - Patrick KOVARIK / AFP
Attaquer, se défendre ou rassurer? A l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, les principaux candidats suivent chacun une stratégie en particulier, influencée en grande partie par leurs résultats dans les sondages. Des études qui révèlent l'incertitude de l'électorat, et derrière elle, une possible forte abstention, mais aussi des reports de voix d'un candidat à l'autre.
Les cinq favoris ont tous beaucoup à perdre, et si près du scrutin, ils se concentrent sur l'essentiel pour garder auprès d'eux leurs électeurs, ou séduire ceux de leurs adversaires. Passage en revue des lignes directrices suivies par Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Benoît Hamon et François Fillon.
Hamon cible Macron et le "vote utile"
Ses intentions de vote sont en berne depuis plusieurs semaines. Benoît Hamon joue le tout pour le tout et craint une chose en particulier, au premier tour: un "vote utile" des électeurs de gauche, inquiets de ses faibles résultats dans les études d'opinion, en faveur d'Emmanuel Macron. Rien d'étonnant, donc, s'il cible principalement le candidat d'En Marche! ces derniers jours, après une campagne marquée en particulier par cette opposition et par celle au Front national. Lors de son meeting Place de la République à Paris, Benoît Hamon a insisté mercredi sur ses différences avec le candidat d'En Marche, qui continue d'engranger les soutiens socialistes, et qu'il a accusé de vouloir tenter "une OPA sur l'Elysée".
"En réalité, ça n'est pas une campagne électorale que mène Emmanuel Macron, c'est une OPA sur l'Elysée, avec des financiers avec des stratégies marketing, un conseil d'administration (..) avec les méthodes d'une entreprise", a-t-il déclaré.
Ce jeudi, lors d'une déclaration devant la presse en Espagne, Anne Hidalgo, l'un des soutiens du candidat socialiste, a aussi reproché à Emmanuel Macron de ne pas être de gauche. Dans la dernière ligne droite, le candidat socialiste n'hésite pas non plus à se démarquer de Jean-Luc Mélenchon, avec qui une alliance a pourtant été évoquée pendant plusieurs semaines. Mercredi, il lui a reproché d'être le représentant d'une "amicale du Kremlin".
Mélenchon veut rassurer... sans épargner Macron
Jean-Luc Mélenchon, que ses soutiens espèrent voir au second tour depuis sa percée dans les sondages, a choisi quant à lui de filer droit. Son objectif ultime est de rassurer, afin de ne pas effriter l'engouement qu'il suscite ces dernières semaines. Ce jeudi, face à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, il s'est d'être un candidat dangereux ou un candidat communiste.
Il veut aussi continuer de siphonner l'électorat de ses adversaires, en particulier d'Emmanuel Macron et de Benoît Hamon, mais aussi de Marine Le Pen, avec qui il partage une popularité dans le milieu ouvrier notamment. Mais cette approche globale ne l'empêche pas de continuer d'attaquer Emmanuel Macron, comme il le fait souvent dans ses meetings.
"Etre milliardaire, ça ne sert à rien pour le bonheur personnel. C'est juste une accumulation de soucis, dont nous voulons les débarrasser", a-t-il ironisé mardi à Dijon, se moquant d'Emmanuel Macron qui, selon lui, en fait "un rêve" alors que "c'est une maladie mentale".
Fillon vise large et s'attaque à Le Pen, Macron et Mélenchon
François Fillon, dont le rang de troisième homme dans les sondages est menacé par Jean-Luc Mélenchon, s'attaque à tous ses principaux adversaires. S'efforçant de montrer une famille de droite rassemblée, avec la visite aux côtés d'Alain Juppé mercredi et un petit-déjeuner avec Nicolas Sarkozy jeudi, il s'inquiète d'un éparpillement du vote de droite au premier tour. Dans un entretien au Figaro, il a ainsi mis en garde les électeurs de droite tentés par Nicolas Dupont-Aignan ou par Marine Le Pen. "S'ils votent Le Pen, ils auront Macron", a-t-il déclaré, alors que sa campagne opère un virage à droite. Mardi, à Lille, il a visé large.
"La pire des réponses serait la fuite que nous proposent Madame Le Pen et monsieur Mélenchon. Une autre mauvaise réponse, c'est celle de l'immobilisme (…) La campagne de monsieur Macron, c'est du plastique et sa présidence serait du blabla", a déclaré le candidat.
Jean-Luc Mélenchon est perçu comme celui qui pourrait l'empêcher d'accéder au second tour, tandis que les candidats d'En marche! et du Front national sont les potentiels adversaires qu'il devrait battre le 7 mai.
Macron veut rester favori
Emmanuel Macron, qui occupe en alternance avec Marine Le Pen la tête des sondages, se concentre quant à lui sur ses deux principaux compétiteurs: la candidate frontiste, et celui des Républicains. Mercredi, à Nantes, à l'occasion d'un de ses derniers meetings, il a dénoncé les propos tenus par Marine Le Pen lors de sa réunion publique au Zénith de Paris.
"Je veux condamner ici les propos indignes de Madame Le Pen qui a affirmé qu’avec elle la France n’aurait pas connu les attentats qui l’ont ensanglantée. Convainquez chaque jour nos concitoyens qu’elle ne pourra pas relever le pays, qu’elle l’enfermera. Battez-vous dans les urnes", a-t-il lancé à l'adresse de son auditoire.
Quant à François Fillon, il a remis en cause sa carrure présidentielle et lui reprochant de n'avoir plus d'autorité morale. Lundi, à Bercy, il n'a pas non plus épargné Jean-Luc Mélenchon. "Sur 11 candidats, 10 veulent nous ramener vers le passé. Pour certains ce sera Cuba sans le soleil ou le Venezuela sans le pétrole", a-t-il lâché. "D'autres voudraient nous enfermer dans un choix simple, Margaret Thatcher ou Trotski, Fidel Castro ou Maurras", a-t-il ajouté.
Marine Le Pen en appelle à ses électeurs
Marine Le Pen, qui a axé son discours sur les thématiques identitaires lors de ses derniers meetings, espère convaincre ses soutiens de se mobiliser massivement pour le premier tour. "J'ai besoin de vos voix, pour faire entendre votre voix", a-t-elle déclaré à Perpignan. La candidate n'est plus aussi sûre qu'avant de se qualifier au second tour.
Elle s'en prend tout particulièrement à Emmanuel Macron, mais aussi plus récemment à François Fillon, présenté par les sondages comme le candidat de la droite en meilleure position. Lors de son meeting à Marseille, elle s'en est prise à tous ses compétiteurs, les accusant de "taire le problème du terrorisme islamiste".
"Le silence des autres candidats est sans doute l'enfant de la honte, la honte d'avoir été membre, ou même d'avoir dirigé des gouvernements qui n'ont rien fait pour faire baisser la menace ou même ont créé les conditions du développement de ce fléau", a déclaré la candidate.