BFMTV
Politique

Défendre les principes, ce n’est pas défendre Sarkozy

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno c'est tous les jours sur RMC à 8h25. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Suite de l’affaire des écoutes de N. Sarkozy : Mediapart a publié des extraits de ses conversations, son avocat dément toute intervention auprès de la Cour de cassation. Hervé Gattegno nous aide ce jeudi matin à y voir clair.

Cette affaire pose des questions de fond mais le fait qu’elle vise N. Sarkozy nuit à la lecture impartiale des faits. On a l’impression qu’il faut absolument accuser ou défendre N. Sarkozy. Du coup, la droite est embarrassée, la gauche ne s’embarrasse pas de nuances ; on peut suspecter les juges d’un a priori défavorable parce que N. Sarkozy les a malmenés, et N. Sarkozy de vouloir faire pression parce qu’il l’a déjà fait… Pour dissiper ce climat malsain, l’idéal serait de faire comme si N. Sarkozy n’était pas en cause. On verrait alors que ce qui est présenté comme un scandale Sarkozy est d’abord une affaire de principes.

Mais est-ce que le débat de principes ne conduit pas à occulter des faits compromettants pour N. Sarkozy ? Autrement dit : est-ce que ça ne revient pas à prendre sa défense ?

Vous voyez : nous sommes déjà dans le piège de la lecture binaire. Revenir aux principes n’est pas forcément favorable à N. Sarkozy. Par exemple, ses partisans ont tort de postuler que les écoutes étaient illicites parce qu’il est ancien président et qu’il parle à son avocat. En revanche, même si les dialogues de Sarkozy avec son avocat sonnent bizarrement, ils n’apportent pas la preuve d’un délit – parce que des paroles privées ne constituent la preuve de rien. Il faut une enquête pour cela. Jusqu’ici, on a vu des suspicions, des interceptions et des divulgations, mais aucune investigation – ni des juges, ni des journalistes.

Le site Mediapart, qui a publié les extraits de ces écoutes, fait de l

Ce n’est pas un scoop que les journalistes de Mediapart ne traitent pas N. Sarkozy avec un souci d’impartialité – s’ils étaient sur écoute, on les entendrait sûrement parler de lui avec autant de délicatesse que Sarkozy parle des juges. Cela dit, Mediapart publie des informations, c’est son travail. Le tout est de savoir ce qui relève de l’information : autant il est légitime de publier ce qui étaie le soupçon d’un délit, autant il est contestable de retourner des paroles privées contre leurs auteurs – la phrase sur « les bâtards » n’a rien à faire dans un dossier judiciaire ni dans un journal. Ce n’est pas un délit de penser du mal de ses juges. S’agissant de N. Sarkozy, il est d’ailleurs probable que les juges n’en pensent pas moins…

La contre-attaque de l

Au moins autant que l’attaque – le feu nourri – dont il a été la cible, et son client à travers lui. Encore une fois, oublions qu’il s’agit de Sarkozy. Si tout le monde a hurlé à l’affaire d’Etat sans vérifier les faits les plus élémentaires, c’est atterrant. Mais on ne pourra juger de tout cela (l’existence ou non d’un délit comme la licéité de ces écoutes) quand l’enquête sera finie. Il faut néanmoins rappeler qu’on parle d’interventions au profit de N. Sarkozy dans l’affaire Bettencourt à un moment où il avait déjà obtenu un non-lieu – c’est incompréhensible. A ce stade, plutôt que de crier au scandale historique, il faudrait préserver la justice et le débat public d’emportements hystériques.

Réagissez sur le compte Twitter d'RMC avec le hashtag #BourdinDirect
Tweet #Bourdindirect

Suivez Jean-Jacques Bourdin sur Twitter
Follow @JJBourdin_RMC

Hervé Gattegno