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Politique

Corse : les élus répondent à Manuel Valls

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Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a reproché aux élus corses une « ambiguïté » dans leur dénonciation de la criminalité. « Quand on vit en Corse, on a besoin de tout le monde, y compris quand on veut se faire élire », affirme l’ancien patron de la lutte anti-terroriste au parquet de Paris, aujourd’hui député.

Entend-on assez les élus corses s’exprimer contre le terrorisme ? Non, semble penser Manuel Valls. Après avoir promis une politique de « harcèlement », le ministre de l’Intérieur a en effet dit dimanche regretter « l'ambiguïté » des élus locaux. Il affirme ne pas entendre « suffisamment de voix parmi les responsables politiques » corses pour condamner les récents attentats. L’île a de nouveau été secouée par une vague d’attentats entamée vendredi par le 20ème assassinat de l'année en Corse suivi d'une « nuit bleue » marquée par une série d'attaques contre des résidences secondaires, 27 selon un dernier bilan.
Le maire d'Ajaccio, Simon Renucci (DVG), a appelé le gouvernement à la « prudence » dans ses déclarations. « Ce gouvernement, aujourd'hui porteur d'espérances pour la Corse, doit être prudent, ne pas faire d'amalgames et éviter ce type de déclarations », a déclaré l’élu.

« Le pire, c’est de maintenir ces soupçons »

C’est l’avis, aussi, de Camille de Rocca Serra, député UMP de Corse de Sud. « Ce sont des raccourcis qui ne sont pas dignes, juge l’élu. Le pire, c’est de maintenir ces soupçons, cet esprit d’insinuation. Je pense que Manuel Valls s’y prend très mal, il y a surtout une grande lassitude. Je ne supporte pas cet aspect qui, pour s’excuser de ne pas avoir de résultat, porte sur l’autre la responsabilité. J’ai toujours condamné et les actes et les auteurs, je n’ai pas attendu monsieur Valls ».

« Les élus ne vont pas dénoncer les clans sur lesquels ils s’appuient »

Député des Français de l’étranger et ancien patron de la lutte anti-terroriste au parquet de Paris, Alain Marsaud estime à l’inverse que les élus ont leur part de responsabilité. Selon le député, le système en place sur l’île de beauté favorise l’omerta, jusque dans le milieu politique. « Il faut savoir que quand on vit en Corse, on a besoin de tout le monde, y compris quand on est élu ou qu’on veut se faire élire. Donc inutile de vous dire que ce ne sont pas les élus qui vont dénoncer les clans ou les familles sur lesquels ils s’appuient, surtout quand l’un des membres de la famille a fait une grosse bêtise. Quand on est un élu corse, on ne condamne pas, ou alors sur le dessus de la main ».

M. Chaillot avec Antoine Perrin