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Boualem Sansal: Rima Hassan critiquée pour avoir voté contre la résolution pour la libération de l'écrivain

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Le Parlement européen a voté une résolution pour demander la libération de l'écrivain Boualem Sansal incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie. L'élue LFI Rima Hassan s'est opposée au texte.

Une polémique et des justifications. Jeudi 23 janvier, le Parlement européen a voté une résolution pour demander la libération de l'écrivain Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie, ainsi que d'autres critiques du pouvoir algérien. Le texte a été adopté à une large majorité: 533 voix pour, 24 contre et 48 absentions.

Parmi les voix opposées à cette résolution, celles de la délégation insoumise. Et notamment Manon Aubry, qui s'est abstenue et Rima Hassan, qui a voté non à cette résolution. Une opposition qui fait monter, depuis, une vive polémique à droite de l'échiquier politique et médiatique.

"Elle a sombré dans l'indignité"

"En votant contre la résolution pour la libération de Boualem Sansal qui prévoyait aussi une mission médicale pour évaluer son état de santé, Rima Hassan a sombré dans l’indignité, écrit Bruno Retailleau sur X.

"Indignité qui rejaillit sur La France Insoumise qui l’a faite élire et qui se tait face à cette infamie", ajoute le ministre de l'Intérieur.

Invitée de BFMTV jeudi soir, l'eurodéputée ECR (Conservateurs et réformistes européens) Marion Maréchal s'est quant à elle dite "ulcérée" et "extrêmement inquiète" après le vote contre de certains LFI.

"Instrumentalisation du cas de Sansal"

Face à cette polémique qui grossit, Rima Hassan est sortie du silence pour expliquer son vote dans plusieurs messages postés sur X. L'insoumise explique que "dans les faits, (Boualem Sansal) défend dangereusement des thèses identitaires d’extrême-droite, reprend la rhétorique du grand remplacement ou encore stigmatise les personnes exilées."

Rima Hassan dénonce une "instrumentalisation du cas de Sansal à des fins d'ingérence et d'escalade diplomatique avec un pays voisin de l'UE" et dit ne pas "s'opposer à la libération de Boualem Sansal" et assure que les députés insoumis sont "bien entendu attentifs au sujet des droits humains en Algérie comme dans le reste du monde."

Manon Aubry, qui s'est par le passé prononcée pour la libération de Boualem Sansal, assure de son côté que "le problème est celui de l'agenda de l’extrême droite française, qui n'a que faire des droits humains et veut attiser les tensions avec l’Algérie et alimenter leur agenda xénophobe", fait savoir son entourage auprès de BFMTV.

Estimant ainsi que "le cas de M. Sansal est instrumentalisé afin de justifier une confrontation diplomatique tous azimuts contre l’Algérie, qui pourrait amener à une remise en cause de l'accord UE-Algérie comme l'extrême-droite remet en cause en France l'accord de 1968".

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Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".

Tensions avec l'Algérie

C'est cet article que les députés européens demandent à l'Algérie de revoir, ainsi que "toutes les lois répressives qui restreignent les libertés". Le cas de l'écrivain, naturalisé français en 2024, a envenimé les relations déjà houleuses entre la France et son ancienne colonie.

Le président français Emmanuel Macron avait dénoncé début janvier l'incarcération "totalement arbitraire" de l'écrivain, "gravement malade", suscitant un tollé en Algérie où le pouvoir a dénoncé une "immixtion inacceptable" de Paris "dans une affaire intérieure".

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Lucie Valais avec AFP