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Aubry vs. Valls: l'après-Hollande a commencé au PS

François Hollande, Martine Aubry et Manuel Valls lors de la primaire PS en 2011

François Hollande, Martine Aubry et Manuel Valls lors de la primaire PS en 2011 - Joël Saget - AFP

Cerné par les sondages défavorables, François Hollande est désormais désavoué publiquement par sa propre famille politique. Ainsi, Martine Aubry, qui compte sur le congrès à venir ouvre dès à présent l'après-Hollande et pourrait rendre inéluctable la tenue d'une primaire à gauche face à Manuel Valls...

Ni "recours", ni "frondeuse", Martine Aubry en critiquant une nouvelle fois, dimanche dans le JDD, la politique proposée par François Hollande et son Premier ministre Manuel Valls jure n'être "candidate qu’au débat d’idées". Mais, face à un chef de l’Etat malmenée dans les sondages, la maire PS de Lille ouvre, bien le match pour la présidentielle de 2017 au PS.

"Elle est la voix la plus importante comme alternative", assure le frondeur PS Laurent Baumel. Surtout, "la sortie de Martine Aubry ouvre d’ores et déjà l’après-Hollande", explique à BFMTV.com Gérard Grunberg, politologue au Cevipof.

Montebourg "brasse moins large" et est moins "légitime"

La fille de Jacques Delors serait donc mieux placée qu'Arnaud Montebourg, l’autre socialiste à qui l’on prête l’ambition de rêver à un destin présidentiel? "Martine Aubry est plus crédible, plus légitime et brasse plus large qu’Arnaud Montebourg, confirme à BFMTV.com Eddy Fougier de l’Iris. Martine Aubry a déjà dirigé le parti socialiste et l’on parle d’’aubrystes’, pas de ‘montebouristes’". Et puis l’ancien ministre a été membre des gouvernements Ayrault puis Valls et devra assumer une partie de ce délicat héritage.

Ce n'est pas le cas de la maire de Lille. Avec les Etats généraux du PS prévus fin décembre puis le congrès du parti l’année prochaine, Martine Aubry s’imposerait comme une figure incontournable du calendrier électoral à venir.

La primaire PS gagne du terrain

"Il y aura bien sûr une primaire Aubry-Valls" à gauche en 2016, assure Gérard Grunberg. "François Hollande restera président de la République mais chacun se désolidarise à tour de rôle" de son action. Le congrès serait ainsi un moyen, non pas de retourner l’opinion, mais de préparer la machine militante socialiste. "Ce sera dur de sauver le gouvernement, abonde le politologue Thomas Guénolé sur BFMTV. Et Martine Aubry était déjà seconde à la primaire de 2011 avec une ligne, pas socialiste, mais moins sociale-libérale, que François Hollande".

"Au-delà de 2017, c’est l’idée d’un débat devenu inéluctable au PS, et donc d’une primaire, qui entre dans les têtes" après les critiques de Martine Aubry, pose Eddy Fougier. Le chercheur tient à rappeler qu’elle refuse d’être dans l’opposition facile mais cherche le "statut de leader moral" de son camp. De gardienne du temple car le parti est un enjeu majeur car il influence l’orientation. Pas question donc d'entrer à Matignon en 2015: il ne faudra donner de l'air ni à François Hollande, ni à Manuel Valls.

Que peut faire Hollande?

Martine Aubry, Manuel Valls voire Arnaud Montebourg pour 2017: les trois étaient déjà candidat de leur camp en 2011. Et François Hollande? "Regardez les sondages, il ne peut pas être candidat", affirme Gérard Grunberg. Le chef de l’Etat avait d’ailleurs dit lui-même que si les résultats des réformes engagées ne se faisaient pas sentir il ne serait pas candidat à sa succession.

"Peut-il accepter l’idée d’une primaire?, s’interroge Eddy Fougier qui ne le voit pas renoncer à se présenter à nouveau. Et le problème qui se pose à un candidat socialiste - autre que Hollande - en 2017, est qu’il "disposera des mêmes arguments que les autres partis" contre la politique du président sortant, pointe-t-il. D'autant qu'il sera même "difficile" pour le PS d’avoir un candidat au seconde tour.

Martine Aubry comme les autres reste ainsi prudente. "On se trompe très souvent en amont et il faut se méfier des prévisions " si loin de l’objectif, rappelle Eddy Fougier. "Ce n’est pas parce que l’OM a sept point d’avance en Ligue 1, qu’ils seront champions". François Hollande, en fan de football, appréciera. Mais il est lui dans la position du chassé, pas du chasseur.