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Politique

A l'UMP, le pire est (sans doute) à venir...

Hervé Gattegno

Hervé Gattegno - -

JF. Copé et F. Fillon ont donc fini par trouver un accord hier lundi soir pour un nouveau vote en septembre 2013. Est-ce la fin de la crise ? Pas sûr…

Le feuilleton médiatique est apparemment terminé – les chroniqueurs vont pouvoir respirer – mais l’histoire n’est pas finie. Copé et Fillon n’ont pas signé l’armistice mais un cessez-le-feu. Il suffit de lire leur accord pour constater qu’il ouvre une période de paix armée : les 2 camps vont s’observer, s’épier, chercher à se neutraliser, à se renforcer et à affaiblir l’adversaire jusqu’en 2013. On sort d’une élection interminable pour entrer dans une campagne sans fin. Alors peut-être que l’UMP a eu chaud… mais c’est pour entrer dans la guerre froide. Ce sera moins violent, moins mouvementé, mais tout aussi destructeur.

N’était-ce pas la seule solution pour empêcher l’éclatement immédiat de l’UMP ?

Il y en avait une autre – on l’a dit ici : que Copé et Fillon déposent les armes et se mettent en retrait, avec une équipe de transition à la tête du parti. Comme ce n’est qu’une bataille d’égos, il n’en a pas été question. Du coup, la nouvelle direction va réunir des gens qui se détestent, qui tiennent depuis un mois les uns sur les autres des propos d’une cruauté inouïe – que JF Copé doive supporter L. Wauquiez comme secrétaire général délégué, c’est un vrai test de ses capacités d’homme d’Etat… L’ensemble va forcément manquer de cohérence – comme si on confiait la direction de la FFF aux dirigeants de l’OM et du PSG…

Peut-on tirer un bilan de toute cette crise ? Y a-t-il un vainqueur ?

Deux perdants – et même davantage. C’est un vrai jeu de massacre qui a lieu. JF Copé et F. Fillon se sont carbonisés pour longtemps. Mais il y a aussi A. Juppé, qui a cru pouvoir jouer les juges de paix et qui s’est fait balayer en 24h… Et puis N. Sarkozy, lui-même, qui a voulu faire acte d’autorité mais qui a fait un bide retentissant. En définitive, c’est JP Raffarin et B. Accoyer, avec plus d’habileté et moins de prétention, qui ont été les plus efficaces pour arriver à la paix. Après la nuit des longs couteaux, on a eu le temps des seconds couteaux… Et puis les anciens aidant les plus jeunes : c’était le « contrat de génération » cher à F. Hollande au service de l’UMP !

Et maintenant, rendez-vous en 2013 ? Est-on sûr de voir la revanche du duel Copé-Fillon ?

Pas forcément en 2013 – peut-être en 2016, si l’un et/ou l’autre se réserve pour la primaire. Et comme ils sont d’accord pour réformer la règle des parrainages, on peut penser que l’an prochain, il y aura de toute façon plus de 2 candidats. D’ici-là, Copé et Fillon ont à reconstruire leur image et à bâtir un projet. Ce qui est évident, c’est qu’ils ont échoué à rassembler leur camp – Fillon avant l’élection, à cause d’une campagne trop désinvolte ; Copé après l’élection, à cause d’une posture trop brutale. Mais ni l’un ni l’autre n’ont cherché à fédérer autour d’une ou plusieurs idées neuves – ce qui s’imposait, après la défaite de N. Sarkozy. Résultat : l’UMP est devenue un monstre à deux têtes… mais qui ne pense pas.

Ecoutez ici le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce mardi 18 décembre.

Hervé Gattegno