A l'heure de sa refondation, le FN voit partir ses cadres

Marine Le Pen - ALAIN JOCARD / AFP
Le constat détonne à l'heure où le "Front" devient le "Rassemblement" national: des sept têtes de liste de 2014 pour les européennes, il n’en reste plus que trois au Front national.
Après Florian Philippot, parti fonder ses Patriotes, Jean-Marie Le Pen, exclu de la formation qu'il avait fondée, Aymeric Chauprade, lancé dans son propre parti, c'est désormais au tour de l'économiste historique du Front national, Bernard Monot, de claquer la porte, direction Debout la France.
"Ça commence à ressembler à une hémorragie, si ce n’est à une débandade", commente notre éditorialiste Christophe Barbier.
Et ce sans compter Marion Maréchal, de retour dans la vie publique, mais manifestement désireuse de se tenir à l'écart des "vieux" partis. Bousculée par le souvenir cuisant de son débat présidentiel raté, Marine Le Pen est plus que jamais fragilisée, à l'heure de relancer son mouvement.
Crise idéologique
Pour Christophe Barbier, le "Front national ne sait plus comment il s’appelle". "Il y a une crise idéologique. Il faut que Marine Le Pen trouve d’autres propositions".
Une crise d'autant plus urgente à résoudre que l'échéance des élections européennes en 2019 semble favorable à l'allié de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, à qui la présidente du FN a proposé de faire liste commune.
Toutefois, selon notre récent sondage sur les intentions de vote, le futur "Rassemblement national" pourrait rassembler 19,5% des suffrages, sans compter une alliance possible avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan, qui pointe à 5% des intentions de vote.
"Aux européennes, c’est Dupont-Aignan qui a le vent en poupe, qui récupère des gens venus des Républicains", observe Christophe Barbier. "Il a tout intérêt à faire monter les enchères, à réclamer la tête de liste, l’essentiel du programme. Ou bien, pourquoi ne pas refuser cette alliance, et dire à Marine Le Pen: ‘Chacun dans sa ligne’, et là, il peut lui approcher les 10%, et Marine Le Pen s’effondrer vers les 15%."
"La décomposition n'est pas finie", prévenait Marion Maréchal jeudi soir devant le gotha de la droite conservatrice. Et le Rassemblement national pourrait en faire les frais.