Violent mouvement social à Mayotte contre la vie chère

Jeudi dernier, des heurts ont opposé gendarmes mobiles et manifestants, à Mayotte où était organisée une marche contre la vie chère. - -
Quelques jours après des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, la situation est encore très tendue à Mayotte, 101e département français et 5e d'outre-mer : le mouvement social contre la vie chère entre dans sa troisième semaine. Faute d'accord avec le patronat et les représentants de la grande distribution, le collectif de syndicats et de consommateurs a décidé samedi soir de poursuivre son action jusqu'à jeudi prochain.
Magasins fermés, DAB hors service...
Le mouvement a commencé le 27 septembre, à l'appel de la CGT Mayotte et de la CFDT, rejoints par FO et la CFE-CGC, épaulés par trois associations de consommateurs. Une seule revendication : la baisse du prix des produits de consommation courante, avec alignement sur ceux de La Réunion, l'autre département français de l'océan Indien, situé à 1.700 km au sud-est de Mayotte. Le collectif organise avant tout un boycott des commerces. Hier dimanche, la plupart des barrages routiers avaient été levés, mais les magasins étaient tous fermés, ainsi que les banques où les distributeurs de billets étaient hors service.
« Plus d'un euro le litre de lait ! »
Marie habite Mamoudzou, la ville la plus importante de l'île avec 31 000 habitants. Son conjoint et elle gagnent chacun 1500 euros par mois. Elle explique pourquoi elle soutient le mouvement de grève : « Beaucoup de produits coûtent le double, voire le triple de ceux qu’on trouve en métropole : le litre de lait est toujours à plus d’un euro, 4 yaourts c’est entre 2 et 3 euros. Alors on fait attention à ce qu’on mange, on mange toujours un peu la même chose. Comme les familles sont nombreuses à Mayotte, elles achètent des cartons d’ailes de poulet [NDLR : mabawa, plat favori des Mahorais, devenu le produit emblématique de ce conflit] ; c’est 30 euros les 10 kilos, et parfois on a du mal à payer ça ».
« Des prix plus chers et des salaires inférieurs »
Thierry, producteur de tomates à Mayotte, près de Mamoudzou, explique pourquoi les prix sont si chers dans ce département d'outre-mer : « Les prix sont de l’ordre de 30% plus chers qu’à La Réunion, mais il faut dire que ça nous coûte à peu près 40% plus cher pour produire ; ce qui correspond à l’éloignement. En France, quand un agriculteur achète un engrais à 1 euro à la coopérative du coin, le même engrais, arrivé ici, avec le transport, les taxes… me coûte 3 euros. Le Smic brut pour un ouvrier ici c’est 6,43 euros de l’heure. Les prix sont plus chers et les salaires sont inférieurs, donc les gens ne comprennent pas ».
Mayotte, composée de deux îles, situées au sud-est de l'Afrique, au Nord de Madagascar, compte plus de 185.000 habitants. Dès leur accession au statut de département le 1er avril 2011, les Mahorais ont revendiqué davantage d'égalité en matière de coût de la vie.