Violences à Trappes: qui sont les jeunes confrontés à la justice?

Le tribunal correctionnel de Versailles a prononcé lundi trois condamnations allant de 10 mois de prison ferme à 6 mois avec sursis, et deux relaxes. Portraits de ces prévenus.

Durant les émeutes qui ont mis Trappes à feu et à sang entre jeudi et dimanche, dix jeunes hommes, dont un mineur, ont été interpellés et placés en garde à vue. Lundi, cinq d'entre eux ont comparu devant la justice. Portraits.

Les trois premiers prévenus s'appellent Yaya, Julien, et Khalil. Yaya et Julien, respectivement âgés de 19 et 25 ans, se trouvaient vendredi soir parmi un groupe d'une soixantaine de jeunes, dont certains lançaient des projectiles sur des forces de l'ordre. Lorsque des CRS ont chargé, les jeunes se sont dispersés, tels des moineaux. Yaya et Julien, eux, sont tombés sur des policiers, placés en embuscade dans des buissons. 

Un condamné, deux relaxés

A la barre, Yaya a expliqué qu'il avait décidé ce soir-là de sortir manger un bout dans une crêperie de Trappes, connue pour fermer dans la nuit, explique à BFMTV.com son avocat, David Gaveriaux. De retour après son dîner, il s'est retrouvé parmi les "caillasseurs", mais assure n'avoir lancé aucune pierre. Las, il n'a pas convaincu. Il a été condamné à 6 mois de prison ferme, sans mandat de dépôt.

Julien, lui, a eu plus de chance. Père d'un enfant de 20 mois, ce jeune agent de sécurité de 25 ans, récemment converti à l'Islam, a bénéficié du doute grâce à une approximation des policiers. Il avait été décrit comme étant "de type nord-africain". "Je vois en face de moi un homme blanc. Honnêtement, cela me gêne un peu", a constaté la présidente durant l'audience. Il a été relaxé.

Khalil, enfin, a lui aussi été relaxé. Jeune étudiant en sciences économiques de 20 ans, il avait été interpellé alors qu'il était seul et qu'il filmait avec son téléphone portable un feu de poubelle, en attendant un bus pour rentrer chez lui.

Une bavure policière?

Les trois autres prévenus interpellés cette même nuit n'ont pas comparu pour des motifs différents. Majid, 18 ans, au casier judiciaire déjà chargé –interpellé deux fois pour usage de drogues, et deux fois pour port d'armes-, sera entendu le 17 septembre. Il souffre de diabète et n'a pas eu d'insuline durant sa garde à vue, ce qui a entraîné son hospitalisation après un malaise.

Dany, 21 ans, connu de la police pour violences, outrage, vol à l'étalage, a été relâché à l'issue de sa garde à vue, faute de preuves. Quant à Alexandre, 20 ans, il sera présenté lui aussi en septembre, mais est d'ores et déjà placé sous contrôle judiciaire.

Lui compte porter plainte pour bavure policière. Il a raconté à France 3 comment il avait été roué de coups et insulté alors qu'il s'était approché, naïvement selon lui, d'émeutiers qui s'affrontaient avec des CRS.

Deux autres condamnés

Quelques heures plus tard, lors d'une autre audience, deux autres jeunes hommes ont comparu au tribunal correctionnel de Versailles, après avoir été interpellé la nuit de samedi à dimanche en compagnie d'un mineur, reçu lui par un juge pour enfants.

Ablaye, 21 ans, déjà condamné en 2011 à 10 mois de prison pour violences, a écopé encore une fois de 10 mois. Retour à la case prison pour lui. Slimane, 18 ans, au casier vierge, a été condamné à 6 mois avec sursis.

Tous deux avaient été interpellés en compagnie d'Iman, mineur, alors qu'ils caillassaient des forces de l'ordre, selon la police. Ablaye, lui, est accusé d'avoir eu en main un mortier, avant de s'en débarrasser juste avant son interpellation. Tous deux ont nié les faits. En vain.

Alexandra Gonzalez