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Violences à l'hôpital: "quand on fait ce métier, on ne se forme pas au karaté"

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Le dernier rapport publié par l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a recensé plus de 14.000 signalements d'actes de violence dans les hôpitaux, en France, en 2014. Philippe Juvin, urgentiste, a présenté ce mardi sur BFMTV des mesures qui pourraient renverser ces données.

La violence s'invite à l'hôpital. Mardi 13 septembre, un urgentiste a eu les mains fracturées par les coups de pied d'un patient, à l'hôpital de Saint-Denis, au nord de Paris. Cet acte témoigne de la dégradation des conditions de travail mais aussi de sécurité dans les hôpitaux.

Les victimes de ces agressions ont souvent été abandonnées par leurs supérieurs. Certains ont même décidé de ne pas porter plainte. Philippe Juvin a déploré, ce mardi sur BFMTV, les conditions de travail des infirmiers, médecins et aides-soignants. Pour lui, des changements doivent être effectués.

> Quelles violences constatez-vous dans votre établissement?

Comme dans tous les autres établissements de France, des violences physiques mais aussi des menaces et des insultes. C'est le lot quotidien d'un certain nombre de services, dont les services d'urgence mais aussi les services de psychiatrie, qui sont très ciblés. Il y a des statistiques extrêmement sous-estimées qui sont sorties (le rapport de l'ONVS, ndlr) parce que seuls 12 ou 15% des hôpitaux ont répondu à l'enquête. En réalité, cela existe partout.

> A quoi sont dues ces violences?

Les gens expriment qu'ils ont trop attendu, qu'ils ont été mal reçus. Il y a toute une partie liée à l'encombrement des hôpitaux, d'une certaine manière la paupérisation des hôpitaux et l'impression que l'on a lorsque l'on y rentre. Il y a aussi une attitude plus générale qui n'existait pas il y a une dizaine d'années. Il y a environ deux tiers de violences verbales et un très bon tiers de violences physiques. Lorsque je travaillais à l'hôpital Beaujon, dans le nord de Paris, un de mes infirmiers a été agressé à l'arme à feu, des patients ont frappé, ont insulté.

> Les équipes des établissements sont-elles formées pour répondre à ces situations de crise?

Quand on fait ce métier d'infirmier, puisque ce sont les premières victimes, ou de médecin, ou d'aide-soignant, on ne se forme pas au karaté. Les victimes ont surtout l'impression d'être abandonnées par les établissements. Je crois que 40% simplement des violences sont suivies d'une plainte. Il faut des vigiles, des systèmes où l'on ferme les portes et que l'hôpital porte plainte pour ses agents et les défende. Il faut aussi un suivi pénal. On sait très bien que la plupart des gens pour laquelle une plainte est déposée, au fond rien ne se passe derrière et c'est désespérant pour les soignants.

Julie Breon avec Gilane Barret et Florence Duprat