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Police-Justice

Une famille d'accueil jugée «trop attachée» à son enfant

La petite Cindy avec François Boyer, son « père d'accueil ». La fillette sera définitivement placée dans une nouvelle famille vendredi, pour cause d'attachement trop fort.

La petite Cindy avec François Boyer, son « père d'accueil ». La fillette sera définitivement placée dans une nouvelle famille vendredi, pour cause d'attachement trop fort. - -

Dans le Gers, la famille d'accueil de la petite Cindy, 5 ans, va devoir se séparer d'elle. Les services de l'Etat soulignent un trop grand attachement entre la fillette et le couple qui l'élève depuis toujours. Colère et tristesse du couple, et explications des autorités.

Les époux Boyer ont du mal à cacher leur immense tristesse et leur colère. Depuis qu'elle a deux mois et demi, ils élèvent la petite Cindy, confiée il y a presque cinq ans à ce couple du Gers. Sa mère biologique, alcoolique, ne pouvait plus s'en occuper.

En cinq ans, c'est une vraie famille qui s'était constituée, une famille presque comme les autres. Des liens de parents à enfant, tout simplement. « Moi elle m'appelait Manou et mon mari Babou », souffle Séverine Boyer au bord des larmes. Mais pour les services sociaux d'aide à l'Enfance, cet attachement était devenu trop fort. Pour l'Etat, une famille d'accueil n'est pas une famille biologique et ne doit pas affectivement la remplacer, même si celle-ci est défaillante.
« Bien sûr, nous connaissions la règle du jeu », poursuit Séverine, « les services sociaux nous demandent de nous attacher à l'enfant mais sans donner d'amour. Mais nous ne sommes pas des robots, lorsqu'un enfant réclame de l'amour, il faut lui en donner ».

« On ne peut pas laisser faire ce genre de saloperies, on va se battre »

Une nouvelle famille d'accueil vient donc d'être désignée pour accueillir la petite Cindy. La fillette la rejoindra définitivement vendredi. Depuis quelques jours, les Boyer s'affairent à regrouper les jouets et les habits de l'enfant, la mort dans l'âme. François, l'époux de Séverine, est effondré: « On a un bout de chou de cinq ans qui ne va pas comprendre grand-chose et qui va se retrouver du jour au lendemain sans personne. Et ça risque d’être dur. Quand on en parle, les nerfs lâchent. On a fait d’elle en partie ce qu’elle est aujourd’hui, une petite fille vivante, curieuse, gaie. Aujourd’hui on nous l’enlève pour la mettre dans une autre famille, c’est là que c’est dur. On fait ça pour casser un lien, pour fracasser un gamin ; je ne sais pas pourquoi on fait ça, d’ailleurs. On ne peut pas laisser faire ce genre de saloperies. Donc on va se battre ».

François a ouvert en début de semaine une page Facebook pour faire connaître la situation au grand public. Mais avec un espoir bien mince qu'elle puisse l'aider à garder Cindy à la maison.

« Une décision cruelle, mais dans l’intérêt de l’enfant »

Au micro de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi matin sur RMC, le président du conseil général du Gers, Philippe Martin, a tenu à s’expliquer sur cette affaire « très délicate », pour laquelle il regrette qu’il n’y ait « pas de bonne solution » : « Je sais très bien que quels que soient mes arguments, je serai le "méchant". […] Je pense qu’il faut faire confiance à ceux dont c’est le métier, aux psychologues, aux travailleurs sociaux qui suivent en permanence les enfants que la justice nous demande de placer dans des familles, qui observent l’évolution des situations et proposent des décisions, qui parfois peuvent avoir l’air – et sont – cruelles pour les familles d’accueil, mais qui sont faites dans l’intérêt de l’enfant. »

« Préserver le lien avec les parents biologiques »

« Je sais très bien que pour la famille d’accueil, qui a fait son boulot et qui a donné beaucoup d’amour, c’est une décision incompréhensible », poursuit Philippe Martin. Reprocher à une famille d'accueil d’être « trop attachée » à son enfant ? « On pourrait se dire "tant mieux !", ajoute-t-il, mais ce n’est pas une adoption, c’est un placement, chez des gens diplômés et rémunérés pour garder cet enfant. C’est la loi, c’est comme ça, il faut aussi préserver le lien avec les parents biologiques. »
Refusant de « rentrer dans l’arbitraire », il insiste : « je ne suis pas un psy, un travailleur social… j’ai confiance en ceux qui travaillent pour moi dans cette affaire-là. »