Un important trafic de déchets démantelé dans le Sud-Est

Le centre de recyclage de Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône. - BFMTV
Déchetteries remplies à ras-bord jusqu'à l'incendie, exportation illégale de tonnes d'ordures... Un vaste trafic de déchets vient d'être démantelé dans les Bouches-du-Rhône, a annoncé le parquet de Marseille ce jeudi dans un communiqué.
Lundi, neuf personnes ont été placées en garde à vue lors d'une importante opération des forces de l'ordre qui a mobilisé 60 gendarmes dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse. Ce coup de filet a été réalisé au terme d'une enquête lancée depuis un an et demi par l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et la santé publique.
Selon nos confrères du Figaro, ce sont près de 100.00 tonnes de déchets qui sont concernées par ce vaste trafic. Le principe est simple: acheter des détritus à des sociétés peu scrupuleuses de la législation et les stocker dans des hangars, sans les recycler. La tonne peut se monnayer jusqu'à 250 euros.
Un incendie qui met la puce à l'oreille des enquêteurs
L'enquête a démarré après un incendie le 13 août 2020 dans un bâtiment de regroupement de débris à Milhaud dans le Gard. Cherchant à déterminer les causes du départ des flammes, les gendarmes tombent sur d'importantes masses de gravats et d'ordures. Près de 20.000 m3 de déchets sur un seul site, bien au-délà des chiffres autorisés.
C'est beaucoup trop, selon les enquêteurs qui vont décider d'alerter l'entreprise. Mais cette dernière ignore la mise en demeure et continue à stocker des tonnes d'ordures.
D'autres hangars de stockage remplis sont ensuite découverts dans la région: dans la Drôme, le Vaucluse, et dans les Bouches-du-Rhône, loués par l'intermédiaire de plusieurs sociétés. Et toujours avec des irrégularités tant sur le volume que sur la nature des déchets.
Des ordures envoyées en Espagne
D'autres incendies se produisent à Milhaud, le 14 juin 2021, mais aussi à Meyrargues en décembre 2020 et à Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône, en décembre 2021. Les pompiers ont mis parfois près d'un mois à éteindre les dernières braises.
L'enquête va déterminer qu'une partie de ces ordures sont envoyées en Espagne "dans des conditions non conformes à la réglementation, en raison des mélanges de déchets et de l’absence de notification et d’autorisation écrite préalable des autorités", précise le parquet de Marseille.
26.000 tonnes de détritus ont été exportés entre octobre 2021 et février 2021, selon le procureur de la République. "Il est enfin apparu que certains déchets auraient pu faire l’objet d’enfouissements sauvages", précise aussi le procureur de Marseille.
Deux responsables de sociétés de transports et un proche du banditisme
Selon le parquet de Marseille, cinq personnes ont été mises en examen pour gestion, transport, exportation et abandon irréguliers de déchets en bande organisée, escroquerie en bande organisée et infractions à la réglementation de la protection de l'environnement.
Parmi les suspects placés en garde, deux responsables de sociétés de transport et un chef d'entreprise considéré comme proche du banditisme, selon les informations du Figaro. Six personnes morales sont aussi mises en examen.
Deux suspects ont été placés en détention provisoire et trois sous contrôle judiciaire dans l'attente d'être présenté devant un juge.
Le ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin s'est félicité ce jeudi de cette vaste opération. "Félicitations aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique et de la Section de Recherches de Nîmes pour cette opération d’envergure contre la criminalité organisée", a-t-il écrit sur Twitter.