Un homme sage-femme condamné à 14 ans de réclusion criminelle pour viols sur des patientes

Un homme sage-femme condamné à 14 ans de réclusion criminelle pour viols sur des patientes (image d'illustration) - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
Il a assuré n'avoir pratiqué que des "gestes médicaux". Un maïeuticien - un homme sage-femme - jugé pour les viols de six patientes a été condamné vendredi 5 septembre à Montpellier à 14 ans de réclusion criminelle, quatre ans après une première condamnation à 12 ans de prison pour des faits similaires commis sur 11 autres femmes.
Après une courte délibération, la cour criminelle de l'Hérault a suivi le réquisitoire du parquet en déclarant Lionel Charvin coupable de "pénétrations sexuelles par violence, menace, contrainte ou surprise" sur ces six femmes, avec la circonstance aggravante qu'elles ont été commises en "abusant de l'autorité conférée par sa fonction".
"C'est le dossier de la libération de la parole, qui a été verrouillée par la honte, par la culpabilité, par celles qui ont eu le courage de venir devant vous pour nommer les choses. Il n'est pas acceptable qu'une femme soit dépossédée de ses choix, notamment ses choix sexuels", a lancé l'avocat général Yessine Bouchareb lors de son réquisitoire.
Le magistrat faisait ainsi référence au premier procès en 2021 de Lionel Charvin, un homme sage-femme âgé de 54 ans aujourd'hui. La médiatisation de cette audience en avait poussé d'autres à se manifester, renvoyant ce père de famille devant la justice cette fois pour les viols de six autres femmes.
"Ici, il n'y a qu'un coupable, Lionel Charvin, et des victimes" et "il n'y a pas discussion sur la matérialité des faits", a insisté l'avocat général, espérant que le "sentiment de culpabilité des victimes" s'estompe.
"Je vais retourner en prison"
En plus de la peine de prison, il a réclamé un suivi sociojudiciaire avec une injonction de soin pour sept ans. Car "toutes les inquiétudes ne sont pas levées à l'issue de l'audience", avait-il estimé après deux jours de procès où l'accusé s'est défendu en affirmant qu'il pratiquait des gestes médicaux et non sexuels.
La cour a décidé que ce suivi sociojudiciaire serait de cinq ans. "J'ai été un mauvais praticien. J'espère de tout mon coeur que les victimes pourront se reconstruire le plus rapidement possible, et moi je vais retourner en prison", avait déclaré Lionel Charvin avant que la cour se retire pour délibérer.
Les deux avocats de la défense n'ont pas explicitement plaidé l'acquittement, se demandant toutefois si la "matérialité" des faits et "l'élément moral" avaient bien été démontrés à l'issue d'un procès qualifié de "laborieux" et à "l'atmosphère pesante".
"Un acte médical, pour être compris, nécessite une information précise, pour permettre un consentement éclairé. Les victimes ont été privées de cette possibilité de consentir ou non à un acte", avait aussi souligné l'avocat général.
"Ce n'était plus médical"
Plus tôt vendredi, la présidente de la cour criminelle, Sylvie Rouanne, avait lancé à Lionel Charvin: "Ces femmes décrivent toutes des masturbations. Je pense qu'une femme est capable de faire la différence" avec un acte médical.
Jeudi, une femme de 39 ans qui l'avait consulté pendant et après sa grossesse en 2015 avait raconté: "Ça a dérapé lors d'une séance: il s'est mis à faire des mouvements de va-et-vient de plus en plus rapides. Ce n'était plus médical, c'était de la masturbation".
"Elle m'avait dit qu'elle n'éprouvait plus de plaisir. Mon intention était de lui montrer que son périnée était sain. Elle a peut-être trouvé que c'était masturbatoire, mais ce n'est pas du tout une masturbation", s'était défendu l'accusé.
Pourtant ses actions ont bouleversé des vies intimes. "Je n'ai jamais retrouvé de sexualité apaisée. À chaque fois, il est là" et "la plupart de mes relations sexuelles ont ensuite été alcoolisées", avait confié une autre victime, professeure des écoles de 43 ans.
Alors pour le procureur, "la confiance a été trahie: celle de sa profession, de ses collègues sage-femmes, mais avant tout de ses patientes".
Les deux peines auxquelles a été condamné Lionel Charvin pourront être fusionnées sur décision ultérieure de la chambre de l'instruction de la cour d'appel, a précisé à l'AFP une avocate des parties civiles, pour un total qui ne pourra pas être inférieur à 14 ans ni excéder 20 ans de réclusion.