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Police-Justice

Un homme au tribunal pour avoir organisé une vingtaine de soirées clandestines depuis 2019

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Celui qui se présente comme un "passionné de musique électronique" a notamment organisé une soirée clandestine à Paris, pendant le confinement. Son procès devrait toutefois être renvoyé.

Il avait baptisé sa dernière soirée "I want to break free". Un graphiste de 27 ans accusé d'avoir organisé 22 fêtes clandestines, dont l'une dans le 13ème arrondissement de Paris pendant le confinement, doit comparaître ce mardi devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Du matériel de son aux invitations, l'enquête a mis en lumière une véritable organisation professionnelle et pourtant tout à fait illégale.

Hangars désaffectés, serveuses et DJ

Le prévenu est passé sous les radars pendant de longs mois. Au travers de son association Feel Free Records, l'homme de 27 ans a organisé à partir du printemps 2019 des soirées électroniques dans divers points de la région parisienne. Une enquête est finalement ouverte en septembre dernier après la tenue d'une rave party à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) réunissant un millier de jeunes dans un hangar "en état de délabrement avancé, démuni d’éclairage, d’issues de secours et d’alarme incendie", indique le parquet de Bobigny dans un communiqué.

Les événements se déroulaient la plupart du temps sur des sites à l'abri des regards: hangars désaffectés, anciennes carrières, ou plus récemment sous un tunnel ferroviaire de la Petite ceinture, dans le sud-est de Paris, dans la nuit du 21 au 22 novembre. Ce soir-là, quelque 600 personnes se rassemblent sous les yeux de nombreux journalistes, sans que les forces de l'ordre ne soient informées.

"On a décidé d'entrer en résistance et de lancer cet appel à se cacher ensemble pour faire la fête car les jeunes n'ont plus aucun espace pour exister ensemble, ils vivent dans un manque terrible, on essaye de continuer à leur apporter ça, malgré les risques", expliquait alors l'organiseur à l'Agence France Presse.

L'un des participants avait ensuite témoigné auprès de BFMTV, décrivant une expérience "grisante": "Tout le monde est content de faire la teuf et de braver les restrictions dues à la pandémie."

La mairie du XIIIe arrondissement a depuis déposé plainte.

150.000 euros de chiffre d'affaires

Pour accueillir les invités, celui qui s'est présenté aux enquêteurs comme un "passionné de musique électronique et d’exploration de lieux insolites" a eu recours à de nombreux prestataires non déclarés.

Des "fournisseurs de matériel de sonorisation, des installateurs chargés de l’aménagement des lieux, des guides d’accompagnement des participants convoqués via les réseaux sociaux (...) des disc-jockeys, des serveuses de bar, des vigiles" ou encore un "photographe professionnel", liste le parquet.

Lors des perquisitions à son domicile et dans la résidence de ses grands-parents, "une vingtaine de décors de grande taille", des "enceintes sonores professionnels" ou encore des "machine à fumées" ont notamment été retrouvés.

Les invités payaient leur place par une billeterie électronique, mise en place par une société qui se chargeait également de la promotion de la soirée sur les réseaux sociaux. Au total, le parquet de Bobigny a recensé 22 soirées clandestines, ayant rapporté "un chiffre d’affaires de plus de 150.000 euros".

Mise en danger d'autrui et blanchiment

En garde à vue, l'organisateur a fini par reconnaître les faits tout en niant un quelconque intérêt financier. Il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour une vingtaine de chefs dont "mise en danger d’autrui", "travail dissimulé", "ouverture de débits de boissons", "violation des règles du confinement" mais aussi pour "complicité de faux et d’usage de faux, abus de confiance et blanchiment habituel."

Il sera jugé aux côtés de deux autres personnes, dont le dirigeant de la société émettrice de billets. Contactée par BFMTV.com, l'avocate du principal prévenu, Me Rostan a indiqué qu'elle allait demander un renvoi, n'ayant pas encore reçu le dossier.

Esther Paolini Journaliste BFMTV