Tremblay: 5.000 euros d'amende requis contre le restaurateur qui avait expulsé deux femmes voilées

- - La scène s'est passée dans ce restaurant de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis). - BFMTV
En pleine polémique autour du burkini, l'affaire avait fait beaucoup de bruit durant l'été 2016. Deux femmes qui portaient un voile avaient été expulsés d'un restaurant à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) après une altercation verbale avec le gérant. Une vidéo de la scène, filmée discrètement par l'une des deux clientes en question, avait fait le tour des réseaux sociaux et suscité une vive émotion.
On y entend l'une des femmes lancer: "On ne veut pas être servies par des racistes, Monsieur!". Le restaurateur répond: "Les racistes mettent pas des bombes et ne tuent pas des gens!". "Parce qu'on a mis des bombes, Monsieur?", rétorque la jeune femme. "Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes (...) Des gens comme vous, j'en veux pas chez moi (...) Maintenant, vous le savez, alors partez!"
Décision attendue pour le 16 mars
Le parquet de Bobigny a donc requis jeudi 16 février une amende contre ce restaurateur, qui s'était excusé sur BFMTV quelques jours après la polémique. Pour "réparer l'outrage fait à ces femmes et, plus largement, à la société entière", la procureur a demandé très exactement une amende de 5.000 euros, dont 2.500 avec sursis contre l'homme de 65 ans, ainsi que la publication de la décision de justice pendant deux mois.
L'homme était jugé pour "discrimination dans la fourniture d'un service en raison de l'appartenance à une religion dans un lieu accueillant du public", pour avoir demandé le 27 août à ces clientes de quitter son établissement.
Selon l'avocate du prévenu absent à l'audience, si les "propos sont inacceptables", il n'empêche qu'"à aucun moment on ne donne la preuve que (son) client a refusé de servir" ces femmes. "Comment après de tels propos en public tenus par le maître des lieux, peut-on envisager la poursuite d'une soirée normale?", s'est interrogée la représentante du ministère public.
Ce soir-là, "il y avait beaucoup d'agressivité et c'était un peu difficile pour moi", a témoigné timidement l'une des deux jeunes femmes, silhouette frêle et voile violet, la seule à avoir déposé plainte. La décision du tribunal est attendue pour le 16 mars.