Trappes: le mari de la femme voilée devant la justice

L'homme était inconnu des services de police avant les faits reprochés. - -
Mickaël Khiri, 21 ans, est convoqué vendredi devant la justice pour s'être violemment opposé le 18 juillet au contrôle de sa femme entièrement voilée, point de départ des affrontements entre habitants et policiers qui ont secoué Trappes, dans les Yvelines, durant trois nuits.
Le jeune homme barbu et fluet, converti à l'islam à 16 ans, est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Versailles pour "rébellion" et "outrage" à trois policiers, tous parties civiles, et "violences sans ITT" sur l'un d'eux. Selon la version des policiers, l'époux a frappé un fonctionnaire au visage et lui a serré la gorge lors du contrôle, des faits contestés par le mari qui, lui, fait état des "provocations" et "insultes" dont il aurait fait l'objet.
Mickaël est un "homme calme et non violent", "inconnu des services de police", avait affirmé à l'époque son avocat Me Wenceslas Ference. La version policière avait été confirmée par le procureur de la République, Vincent Lesclous, expliquant en conférence de presse que le prévenu avait tenté d'étrangler le policier, une déclaration perçue par l'avocat comme une atteinte à la "présomption d'innocence".
Selon lui, l'épouse de 20 ans, Cassandra Belin, également convertie à l'islam, "a toujours accepté, lors de précédents contrôles d'identité (...) de montrer son visage aux policiers et de coopérer".
Tous attendent "la vérité"
Deux mois après la poussée de fièvre qui s'est emparée de cette banlieue à 30 km au sud de Paris, "les policiers espèrent que ce procès démontrera ce qui s'est réellement passé", a indiqué leur avocat, Me Thibault de Montbrial. Selon lui, "les salafistes qui ont instrumentalisé l'incident et Mickaël" doivent être "démasqués comme menant un combat communautaire qui n'a pas sa place dans la République".
Le 19 juillet au soir, lendemain du contrôle qui a dégénéré, les abords du commissariat, au coeur du quartier des Merisiers, avaient été pris d'assaut par une foule mécontente réclamant la libération du mari.
Les manifestants avaient jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abribus et la police avait répliqué avec des tirs de lacrymogènes et de grenades de dispersion. Des heurts de moindre intensité s'étaient poursuivis les deux nuits suivantes.