Trafic de médicaments: 5 réseaux criminels démantelés en France en 2019

Le trafic de médicaments est plus important que celui de la drogue. - AFP
C'était au mois de mai dernier. Cinq Français étaient interpellés à Marseille, quatre ressortissants ukrainiens l'étaient dans leur pays. Le résultat d'un vaste coup de filet mené par les autorités françaises de concert avec leurs homologues ukrainiens et polonais dans le cadre d'une enquête sur un immense trafic international de médicaments. En France, les quatre suspects ont été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée", "trafic de médicaments" et "association de malfaiteurs", ils ont été écroués.
Au coeur de ce trafic qui aurait permis aux escrocs de réaliser plus de 10 millions d'euros, le Subutex, un médicament prescrit en France comme produit de substitution de l'héroïne. Pour obtenir le médicament, remboursé à 100% par la Sécurité sociale, le réseau s'appuyait sur de fausses ordonnances que se procuraient les trafiquants marseillais. Les comprimés étaient alors rachetés par les Ukrainiens, qui les revendaient jusqu'à 60 euros l'unité.
Opérations internationales
Cette affaire illustre la coopération internationale pour lutter contre le trafic de médicaments, un trafic dont les revenus sont supérieurs à ceux générés par la drogue. En 2017, Europol a lancé l'opération Mismed afin de créer un réseau international d'enquêteurs spécialisés afin d'améliorer les échanges de renseignements. Avec le soutien d'Europol et d'Eurojust, ce sont des équipes communes d'enquête qui sont créées. Lors d’une semaine d’action commune en octobre dernier, un PC opérationnel a été monté. Tous les pays engagés dans l’opération étaient représentés au sein de ce PC, qui coordonnait en temps réel les actions menées dans ces pays.
L'an dernier, ces opérations ont permis de démanteler cinq réseaux criminels en France, avec l'interpellation de 23 personnes. Lors des perquisitions, les gendarmes français ont découvert 17.000 unités médicamenteuses et dopantes d’une valeur marchande de près de 90.000 euros, et les avoirs saisis s'élèvent à près de 1,5 million d'euros. De son côté, la douane française a quant à elle intercepté près de 96.000 unités et 42 kilos de médicaments détournés à des fins psychotropes ou dopantes.
36 millions de médicaments saisis
Pour exemple, les enquêteurs ont intercepté un colis contenant 200 ampoules d'hormones de croissance. Les investigations ont mené à l’interpellation d’un homme, gérant d’un commerce de compléments alimentaires impliqué dans un trafic de produits dopants et à la saisie supplémentaire de près d’un millier de comprimés, ampoules, stylos d’anabolisants, stéroïdes et hormones de croissance. Comme pour les trafics de stupéfiants, les enquêteurs ont recours aux techniques spéciales d’enquête, comme la surveillance ou les écoutes téléphoniques.
"Le renseignement opérationnel demeure la base essentielle de l’action des enquêteurs, appuyé par les recherches en source ouverte et les cyber-investigations lorsqu’il s’agit de vente en ligne", explique-t-on du côté de l'OCLAESP, l'Office central de Lutte contre les Atteintes à l'Environnement et à la Santé Publique.
Au total, l'opération européenne Mismed a permis la saisie de 36 millions de médicaments et l'interpellation de 165 suspects en 2019, alors que ce trafic concerne les pays en voie de développement mais n'épargne plus l'Europe. Douze organisations criminelles ont été démantelées, 36 millions de médicaments ont été saisis ainsi que 110.000 ampoules, pour une valeur marchande d'environ 8 millions d'euros. Depuis leur lancement, ces opérations coordonnées ont permis la saisie de médicaments détournés d'une valeur estimée à un demi-milliard d'euros et l'arrestation de 600 suspects, selon Europol.