Terrorisme: la sécurité de l'Euro critiquée par un ex-responsable de Scotland Yard

La stratégie de sécurisation de l'Euro est critiquée par un l'ancien patron du contre-terrorisme de Scotland Yard. (Photo d'illustration) - AFP
"La menace terroriste qui pèse sur l'Euro 2016 de football est plus aiguë qu'elle ne fut pour n'importe quel événement sportif de l'histoire". C'est ce que rappelle Richard Walton, l'ancien patron du contre-terrorisme de Scotland Yard, dans un article publié lundi dans CTC Sentinel, une revue universitaire spécialisée dans la lutte contre le terrorisme, et repéré par Le Parisien.
Et entre les lignes, l'ex-grand flic britannique émet de sérieux doutes sur la stratégie de sécurisation du championnat d'Europe des nations développée par la France, qui a trop misé, selon lui, sur une présence policière massive, au détriment du renseignement.
"La leçon que nous avons apprise de Londres 2012 était de faire confiance au renseignement", écrit Richard Walton, qui fut chargé de la stratégie de sécurisation des JO dans la capitale britannique, à l'époque dans le viseur d'Al-Qaïda.
Un large dispositif déployé par la France
"Nous avons appris des Jeux olympiques de 2012 qu'il vaut mieux investir dans les capacités à recueillir du renseignement plutôt qu'inonder les rues avec du personnel en uniforme. Le résultat est que le public est non seulement moins effrayé mais aussi mieux protégé", explique Richard Walton.
Pour assurer la sécurité pendant l'Euro, l’Etat français va déployer 42.000 policiers, dont 2.000 de la sécurité publique, 5.000 de la police aux frontières, 2.000 CRS et 10.000 hommes de la préfecture de police de Paris. Mais aussi quelque 30.000 gendarmes, dont des membres du GIGN, 5.200 personnels de la sécurité civile, avec notamment 2.500 sapeurs-pompiers et 300 démineurs.
Une partie des 10.000 militaires de l’opération Sentinelle seront également mobilisés. Enfin, 13.000 agents de sécurité privée seront déployés sur l’ensemble de la compétition.
Les dix villes hôtes ne sont pas les seules cibles
En outre, Richard Walton émet une autre réserve de taille sur le dispositif de sécurité présenté par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. Selon lui, "ce serait une erreur de croire" que seules les dix villes qui vont accueillir des matches pourraient être prises pour cible:
"Le ventre vulnérable de ces événements se situe en dehors des villes d'accueil: dans d’autres stades, des centres de transport et d'autres lieux très fréquentés où la police n’est pas forcément familière avec des niveaux élevés de sécurité", prévient Richard Walton. "Toute attaque en France, quel que soit le lieu, durant l’Euro 2016, est une attaque contre l’événement lui-même".
Enfin, l'ancien grand policier britannique livre un dernier conseil aux autorités françaises: "S'il y a une attaque, il doit faire tout son possible pour assurer que l’ensemble du tournoi ne déraille pas".