Terrorisme : comment la justice française va gérer "la menace du retour"?

François Molins en conférence de presse en novembre 2015 - LOIC VENANCE / AFP
D'après François Molins, les risques terroristes sont renforcés. Le procureur de la République de Paris affirme, dans un entretien au Monde, que le recul de Daesh en Irak en Syrie "constitue un facteur qui renforce le risque d'attentat". Affaibli dans son fief, l'organisation terroriste chercherait de plus en plus à démontrer sa force en frappant à l'extérieur.
Le procureur recense 2.000 Français "partis, en transit ou souhaitant se rendre en Syrie". Parmi eux, 700 sont "sur zone" et les moins de 18 ans sont nombreux. Selon les derniers chiffres, 420 mineurs étaient présents en Irak et en Syrie.
Le parquet de Paris a déjà prévu "l'après"
Avec ces Français partis combattre pour Daesh, parfois avec leur femme et enfant(s), "on sera à un moment ou à un autre confronté au retour d'un grand nombre de combattants", assure François Molins. Un phénomène que le procureur appelle "la menace du retour".
Face à la perte des territoires de Daesh, ses combattants étrangers vont rentrer chez eux. "C'est un sujet que nous essayons d'anticiper", admettait le chef de l'Etat en privé, le 17 août dernier. François Hollande précisait : "La coalition anti-EI se donne entre six mois et un an avant de remporter la bataille sur le terrain. Nous devons nous projeter dans l'après."
Pour "l'après" le parquet de Paris a développé une stratégie reposant sur un "durcissement considérable de sa politique pénale en criminalisant les dossiers correctionnels", explique François Molins au Monde.
L'attention accentuée sur les femmes et les mineurs
Désormais, "toutes les personnes parties sur zone depuis janvier 2015 ayant participé à des combats, des patrouilles ou à la police islamique avec l’EI ou le Front Al-Nosra, devenu Fatah Al-Sham" sont considérées comme "participant à une association de malfaiteurs", détaille François Molins. Depuis la loi du 21 juillet 2016 sur les "mesures de renforcement de la lutte antiterroriste", ces faits auparavant passibles de 20 ans de prison, le sont aujourd'hui de 30.
Pour les femmes et les mineurs, la justice montre moins de scrupule qu'avant. Les femmes de retour de Syrie et d'Irak sont aujourd'hui interpellées et placées en garde à vue, ce qui n'était pas toujours le cas. Pour les mineurs, même si la "loi prévoit de privilégier l'approche éducative", François Molins remarque que "pour certains", la prison est nécessaire.
En octobre dernier, le Parlement a rétabli l'autorisation de sortie du territoire pour les mineurs avec l'objectif de limiter les départs vers des zones de conflits.