Radicalisation: de plus en plus de jeunes signalés par l'Education nationale

La théorie du complot à l'épreuve de l'école. De plus en plus d'élèves dans les classes françaises défendent ces thèses largement partagées sur Internet et les réseaux sociaux. Pour tenter d'aider les enseignants à déconstruire ces idées et pour les aider à réagir face à des enfants qui tiendraient ces propos, la ministre de l'Education nationale participe ce mardi à une journée d'études réunissant des spécialistes de la question.
D'après Najat Vallaud-Belkacem, un jeune sur cinq serait adepte des théories du complot qui se sont largement multipliées notamment après les attentats en France. Depuis septembre, 617 cas de signalements de radicalisation supposée ont été remontés par les professeurs, certains ont même été transmis au ministère de l'Intérieur.
Justifier les tueries
Déjà après l'attaque contre Charlie Hebdo et la prise d'otages à l'Hyper Casher, la minute de silence en hommage aux victimes avait, dans certains établissements scolaires, été difficile à faire respecter. Selon le ministère, 70 établissements (sur 64.000) avaient déclaré avoir connu des perturbations : des sifflets ou des protestations de la part d'élèves.
Après les attentats de Paris et de Saint-Denis, des scènes du même genre se sont reproduites avec des jeunes tenant des discours radicaux. C'est le cas d'un collégien scolarisé en classe de cinquième dans un établissement francilien. "Il commence par justifier les tueries de Paris en expliquant, qu'au quotidien, c'est ce qui est vécu en Syrie et en Irak et qu’il ne faut pas s’étonner que ça arrive sur le territoire français", raconte à BFMTV l'un de ses enseignants.
"Il associe à ça un soupçon de théorie du complot et il conclut en expliquant que les préceptes de sa religion sont au-dessus de toutes lois", poursuit le professeur.
Prise de conscience
Des propos étonnant pour un jeune de cet âge que l'équipe pédagogique attribue à une influence venue d'ailleurs. "On se rend compte qu’il y a derrière des choses qui ne peuvent venir de lui, explique l'enseignant. Il est à la croisée des chemins. Pour l’instant, il est encore avec nous."
"Ca (les théories du complot, NDLR) vous permet de croire que vous comprenez le monde avec des catégories très simplistes", décrypte pour BFMTV Gérald Broner, sociologue.
Depuis les terribles attentats qui ont frappé la France, l'Education nationale tente de faire face à ce phénomène. "Il y a eu une prise de conscience pour essayer d’identifier des dérives et surtout les prévenir en amont", confirme Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat SE-Unsa. Des outils que le ministère de l'Intérieur veut renforcer en proposant d'avantage de formations aux professeurs.
La semaine dernière, le gouvernement a d'ailleurs lancé un site, On Te Manipule, à l'attention des jeunes pour lutter contre ce qu'il considère comme de la désinformation.