Environ 450 détenus radicalisés sortiront de prison d'ici à 2019

Le renseignement pénitentiaire assure un suivi des détenus radicalisés afin de transmettre les éléments aux services de sécurité intérieure. - AFP
Anticiper face à un "risque majeur". Les mots utilisés par le procureur de la République sont à la hauteur de la menace terroriste endogène qui plane sur la France. Un danger qui pourrait être alimenté par ceux que l'on appelle "les sortants", ces détenus condamnés pour des faits en lien avec du terrorisme ou signalés comme radicalisés, et qui vont sortir de prison dans les prochains mois. Une cellule spécialisée, rattachée au ministère de l'Intérieur et pilotée par l'Uclat, l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste, est en passe d'être créée afin de prévenir d'éventuels passages à l'acte.
Le renseignement pénitentiaire est déjà à pied d'oeuvre. D'ici à 2019, une quarantaine de détenus, condamnés pour des faits en lien avec du terrorisme, seront libérés. "Une vingtaine en 2018, une vingtaine en 2019", avait déjà détaillé François Molins, rappelant que 512 personnes sont incarcérées en France pour purger une peine prononcée dans une procédure terroriste. A ces détenus, s'ajoutent les 1200 prisonniers, condamnés pour des faits de droit commun, signalés pour radicalisation.
"A peu près 30% auront terminé leur peine en 2019 et sortiront en 2019", a annoncé sur notre anetnne la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, confirmant alors le chiffre de 450 détenus radicalisés qui seront libérés l'année prochaine.
Renforcement du renseignement pénitentiaire
Le profil de ces détenus condamnés dans des procédures terroristes est connu et assez semblable. Ces hommes, qui sont âgés en moyenne de 24 ans et demi, purgent des peines de six ans de prison en moyenne, détaille le Centre d'analyse du terrorisme (CAT) dans un rapport. Leurs délits sont toutefois répartis en quatre catégories: il y a les "revenants", ceux qui se sont trouvés en zone irako-syrienne, les "velléitaires", qui ont été impliqués dans une filière jihadiste ou qui ont eu pour projet de partir, ceux qui ont fourni un soutien logistique ou financier, et ceux qui ont incité au passage à l'acte.
"Nous anticipons leur sortie et nous les suivons pas à pas", a assuré la garde des Sceaux ce mercredi matin sur notre antenne. Depuis quelques mois, l'administration pénitentiaire fournit, 18 mois à l'avance, les dates de sortie de ces détenus afin d'éviter les sorties sèches, c'est-à-dire sans aucun accompagnement. Pour les étrangers, lorsque c'est possible, des mesures d'expulsion sont décidées avant même la sortie de détention. Le renseignement pénitentiaire, qui devrait être renforcé de 100 postes, est donc charg" de réaliser des fiches de renseignement sur ces hommes et femmes, "des fiches qui seront données aux services de sécurité intérieure", a précisé Nicole Belloubet.
Il fallait abandonner "un travail un peu artisanal", estime Sébastien Pietrasanta, consultant terrorisme de BFMTV. "Quelque chose de plus institué, parce qu'on est face au défi du nombre."