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Police-Justice

Témoignages : y a-t-il un vrai malaise à La Poste ?

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Deux suicides en dix jours à La Poste. Persuadés que l’acte désespéré de Bruno Peuziat, ce dimanche à Trégunc (Finistère), est lié à ses conditions de travail, les syndicats dénoncent les réorganisations et les méthodes managériales. Un agent évoque « les mêmes pressions que chez France Télécom »…

Un nouveau cas de suicide à La Poste : Bruno Peuziat, un agent de 42 ans, ancien directeur de centre courrier, s'est pendu dimanche à la plate-forme courrier de Trégunc, dans le Finistère, alors qu'il était en arrêt maladie pour dépression depuis début décembre. Un drame qui survient dix jours seulement après le suicide d'un autre cadre qui s'est défenestré à Rennes. Et en septembre, une première employée avait mis fin à ses jours à Paris.

Juste avant de se donner la mort, Bruno Peuziat a envoyé un email aux syndicats. Il y retrace tout son parcours, ses difficultés depuis quatre mois. Il n'aurait notamment pas supporté de faire l'objet d'un contrôle médical. Pour les syndicats, pas de doute, son geste est lié à ses conditions de travail. Ils demandent la suspension immédiate des réorganisations. La direction elle, rappelle qu'elle a initié un cycle d'écoute et de bien-être au travail, et promet de faire des propositions d'ici la fin de la semaine à l'issue de concertations avec les partenaires sociaux.

« Je ne pensais pas que Bruno en était à ce point-là »

Qu'est-ce qui a pu le pousser Bruno Peuziat à commettre un tel geste ? D'où venait son mal-être au travail ? Patrick Leymonis, un collègue et ami de la victime, explique : « Effectivement il était sur un centre pas très facile et je pense qu’il avait du mal à y faire face. Il s’enfonçait et faisait une fixation sur le fait qu’il se sentait harcelé. Il était suivi par un spécialiste et m’avait dit qu’il était encore fragile sur certains trucs. Ce que je craignais, avec un collègue, c’était que le suicide qui a eu lieu à Rennes il y a 10 jours, donne des mauvaises idées à des personnes fragiles. Et malheureusement… Je ne pensais pas que Bruno en était à ce point-là. Je l’ai vu vendredi dernier, il ne me donnait pas l’impression d’avoir planifié ça ».

« On prend le même chemin que France Télécom »

Que se passe-t-il derrière les guichets ? Y a-t-il un vrai malaise à La Poste ? Un agent qui travaille en Seine-Saint-Denis et qui a souhaité garder l'anonymat, témoigne de la situation des cadres de la Poste aujourd'hui : « On est entre le marteau et l’enclume. Parce qu’on doit faire redescendre tout ce qui peut être décidé par le siège ou par notre direction départementale, et en même temps subir tous les matins la pression du personnel. On a supprimé tellement d’emplois qu’aujourd’hui on se retrouve seul à manager une quarantaine de personnes. Et il y a aussi une chasse aux sorcières ; on n’a plus le droit d’être malade, absent, parce que c’est la rentabilité avant tout. Je crois qu’aujourd’hui on prend exactement le même chemin que France Télécom dans le management qu’on veut faire. On voit arriver à La Poste les mêmes pressions qu’ont pu subir nos collègues de France Télécom ».

La Rédaction, avec Annabelle Vilmont