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Téléphone, ordinateur, montre... Comment les gendarmes les utilisent pour résoudre leurs enquêtes

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Avec 7000 enquêteurs, le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace travaille notamment sur les objets connectés ou les réseaux sociaux pour résoudre des affaires.

"Une voiture de gendarmerie est retrouvée portes ouvertes, sans personne à bord. Où sont passés les gendarmes?" Pendant les 13 minutes imparties, les enquêteurs présents au salon "La Fabrique défense", organisé le week-end dernier à la Villette à Paris, participent à cet escape game "made in gendarmerie": ils doivent rechercher des indices à bord de ce véhicule abandonné pour tenter de retrouver l'équipage.

Rapidement, on y découvre un téléphone portable dans la boîte à gants, puis des plans papier de Paris. À l'arrière du véhicule, un ordinateur portable, un boitier avec un cadenas à code et un carnet de notes. Que faire de ces objets quand le téléphone portable est verrouillé par un code, idem pour l'ordinateur? Où trouver les fameux codes qui permettront de faire avancer l'enquête?

Le numérique présent sur toutes les enquêtes

Finalement, il faut compter sur un QR code, popularisé avec les pass sanitaires, présent sur un élément du véhicule, pour trouver la formule qui permettra de déverrouiller le téléphone. À l'intérieur, de nouveaux indices permettant d'ouvrir le boitier qui contient une clé USB. Pour allumer l'ordinateur, il faut faire preuve de déduction pour obtenir le mot de passe, et enfin découvrir où sont en réalité partis les gendarmes.

"Malheureusement, c'est rare que dans une enquête le code de l'ordinateur soit inscrit dans un carnet", s'amuse le général de division Marc Boget qui dirige le commandement de la gendarmerie dans le cyberespace (COMCyberGend).

Au quotidien, ce sont 7000 gendarmes qui travaillent sur les aspects numériques d'une enquête ou sur la délinquance en ligne. "Le vecteur numérique est présent sur toutes les enquêtes, les gendarmes spécialisés sur ce vecteur contribuent et participent pleinement aux enquêtes", confirme le général Boget. Sur les scènes de crime, l'aspect numérique doit être "figé" au même titre que les autres éléments.

"Nous devons réaliser une cartographie de tous les objets connectés", détaille le patron du COMCyberGend, créé il y a un peu moins d'un an pour lutter contre les cybermenaces. "C'est-à-dire qu'il ne faut pas qu'un appareil appartenant à un gendarme, par exemple, puisse apparaître comme étant présent sur les lieux de l'enquête."

L'importance des objets connectés

Dans un ordinateur, les gendarmes s'intéresseront aux documents, aux images, aux courriels, à l'historique des sites visités mais aussi aux données chiffrées ou encore dissimulées, par exemple grâce à la technique de la stéganographie. Cette dernière permet de dissimuler des informations dans des images.

Dans un téléphone, ce sont les contacts, appels ou encore applications utilisées qui sont scrutés. Pour cela, les gendarmes sont capables de récupérer des fichiers effacés ou encore de reproduire à l'identique du matériel endommagé afin de pouvoir lire les données.

"Avec les montres connectées, nous pouvons récupérer les déplacements d'une personne, voir ses itinéraires", poursuit le général Boget. Ce fut le cas, par exemple, dans l'enquête sur la joggeuse de 16 ans en Mayenne qui avait simulé sa disparition.

Les enquêteurs doivent également compter désormais sur les objets connectés qui pourraient être dissimulés, comme les caméras de surveillance que de plus en plus de particuliers installent à leur domicile.

Parfois des enquêtes "sous pseudo"

Et qui dit numérique, dit également internet et réseaux sociaux. Des réseaux qui permettent de travailler sur l'environnement d'une personne, qu'elle soit victime ou suspecte. Des investigations qui peuvent les conduire à mener des enquêtes "sous pseudo".

Car si l'analyse des données contenues dans les appareils connectés est une partie du travail quotidien des cybergendarmes implantés sur tout le territoire, leur mission les conduit également à traquer les hackers, les escrocs en ligne. Arnaque à la fausse convocation, arnaque à la romance, arnaque au faux président, arnaque au faux service technique... Les escroqueries en ligne, elles, se multiplient et se professionnalisent.

Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur, les escroqueries ont connu une hausse de 15% en 2021. Une victime sur deux est d'ailleurs piégée en ligne. Et parmi ces victimes de nombreux séniors que la gendarmerie souhaite sensibiliser à cette problématique.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV