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Police-Justice

Suicide d'un cardiologue à Pompidou: une collègue parle

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Depuis le suicide du professeur Jean-Louis Megnien en décembre dernier à l’hôpital Georges-Pompidou, les témoignages s’accumulent sur les brimades qu’il subissait depuis deux ans. Pour la première fois, un patient et un membre de son service parlent.

L'efficacité de l'hôpital européen Georges-Pompidou a été saluée lors des attentats de Paris en novembre dernier, de très nombreux blessés du Bataclan y ayant été soignés. C'est aussi là que fut posé le premier cœur artificiel en 2013. Ce fleuron de la médecine française a ouvert en 2000, fruit de l’union difficile de trois hôpitaux de l’Ouest parisien (Broussais, Laennec, Vaugirard). Il est aussi le théâtre d'une guerre ouverte, rongé par les luttes internes qui pourraient avoir conduit au suicide de Jean-Louis Megnien.

Le 17 décembre dernier, le professeur Jean-Louis Megnien, cardiologue réputé de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, s'est jeté du septième étage de son bureau. Début avril, une information judiciaire a été ouverte pour harcèlement moral. Sa femme et ses cinq enfants se sont constitués partie civile. Leur avocat veut faire requalifier les faits en homicide involontaire, car les témoignages s’accumulent sur les brimades qu’il subissait depuis deux ans.

"Les consignes, c'était de ne pas lui parler"

"Lorsqu'il était en consultation, les consignes, c'était de ne pas lui parler, si possible de lui rendre la vie difficile. Il était assez régulièrement insulté par ses collègues qui agissaient sur ordre du chef de service", raconte Philippe Halimi, chef du service radiologie de l'hôpital Georges-Pompidou, qui a créé une association en mémoire de son ami et reçoit depuis de nombreux témoignages.

Sabine* travaillait dans son service. Elle dépeint quelqu'un qui "rasait les murs et à qui on ne parlait plus. Elle décrit des humiliations et un harcèlement quotidiens, et assure ainsi qu'on l'empêchait de faire son travail:

"La cadre empêchait les infirmières de pratiquer les électrocardiogrammes sur les patients de Jean-Louis Megnien."

Le cardiologue est progressivement isolé au sein de son service. La seule solution mise en place par une équipe de médiation est un déménagement à un autre étage de l’hôpital, qui sera perçu comme une vexation de plus.

"Brutalement il fallait aller au loin, dans un endroit complètement improbable où on ne s'attendait certainement pas à rencontrer un professeur de médecine", se souvient Georges Michelin, patient de Jean-Louis Megnien.

"Il a clairement exprimé son envie d'en finir"

A bout, en novembre 2014, Jean-Louis Megnien se confie à un collègue, et évoque le suicide. Immédiatement Rachid Zegdi avertit l'administration de l'hôpital dans un courrier auquel il n'aura jamais de réponse.

"Il a clairement exprimé son envie d'en finir, je n'ai eu aucun retour, ni de la directrice, ni des personnes mises en copie", explique le chirurgien cardiaque.

Le médecin a été arrêté en avril 2015 pour dépression. Il est revenu à Pompidou le 14 décembre, trois jours avant de se défenestrer de l’établissement.

Une information judiciaire pour harcèlement moral a depuis été ouverte.

Les résultats de l'enquête administratives attendus il y a deux semaines n'ont toujours pas été rendus publics. La direction de l'hôpital n'a pas souhaité répondre à nos questions.

>>> Retrouvez l'intégralité de l'enquête des équipes de Grand Angle mardi à 22h45 sur BFMTV puis en replay sur BFMTV.com

*Cette ancienne collègue de Jean-Louis Megnien a préférer garder l'anonymat

K. L. avec Antoine Bonnetier, Quentin Baulier, Baptiste Besson et Julie Papet