BFMTV
Police-Justice

Stèle de Simone Veil profanée: selon Arno Klarsfeld, "l'antisémitisme renaît en temps de crise"

placeholder video
L'avocat Arno Klarsfeld, membre de l'association "Fils et filles des déportés juifs de France", était sur notre plateau ce jeudi soir pour réagir à la profanation de la stèle en hommage à Simone Veil à Perros-Guirrec, dans les Côtes-d'Armor.

Une stèle en hommage à Simone Veil - ex-ministre de la Santé à l'origine du droit à l'avortement et survivante des camps de la mort - a été découverte profanée mercredi matin, à Perros-Guirrec dans les Côtes-d'Armor. Des croix gammées et diverses inscriptions insultantes recouvraient le petit monument commémorant la femme politique, morte en 2017. C'était par ailleurs la troisième fois en une semaine que la pierre était défigurée, selon Ouest France.

L'avocat et membre de l'association des "Fils et filles des déportées juifs de France" Arno Klarsfeld, lui-même fils de Serge et Beate Klarsfeld, figures de proue de la mémoire de la Shoah, s'est déplacé ce jeudi soir sur notre plateau. Il a dit son "sentiment de tristesse envers Simone Veil, sa famille, et aussi envers la France" devant cet acte de vandalisme.

"Ce n'est pas propre à notre société mais à l'histoire"

"Quand il y a des tensions qui remontent, les extrêmes remontent et l'antisémitisme remonte lui aussi. Et on retombe dans les clichés moyen-âgeux, comme 'les juifs suceurs de sang' - ce qu'on pouvait lire sur la stèle en hommage à Simone Veil puisqu'il était écrit qu'elle avait du sang sur les mains", a-t-il développé.

"Ce n'est pas propre à notre société, c'est propre à l'histoire: en temps de crise, l'antisémitisme renaît, et les tensions font que l'antisémitisme renaît", a-t-il martelé. L'avocat a cependant vu dans l'événement une forme d'anomalie:

"Et en même temps, on est dans une situation paradoxale puisque depuis 2000 ans, jamais la situation n'a été aussi bonne pour les juifs car ils ne sont nulle part dans le monde persécutés vraiment parce qu'ils sont juifs! "Il y a l'Iran qui a une politique antijuive bien qu'il le cache encore sous l'antisionisme, il y a le Hamas", a-t-il nuancé avant de reprendre: "Mais sinon, tous les autres pays combattent quand même l'antisémitisme, et il faut rendre hommage à la République française qui combat avec force l'antisémitisme".

Arno Klarsfold a alors livré son analyse politique. "Mais il faut rendre hommage au centre-gauche et au centre-droit. La France n'est pas un pays antisémite mais le noyau dur de l'extrême droite l'est", a-t-il lancé, avançant ensuite: "le noyau dur de l'extrême gauche l'est". "Et les islamistes assassins qui tuent les enfants juifs dans les écoles comme à Toulouse, le sont aussi", a-t-il ajouté, en référence à l'attentat de Mohamed Merah à l'école Ozar Hatorah.

Un sentiment d'impunité derrière la pancarte de Metz ?

L'avocat a aussi commenté un autre exemple d'antisémitisme ayant défrayé l'actualité cette semaine. Une enseignante avait été prise en photo samedi dernier arborant une pancarte antisémite lors de la manifestation anti-pass sanitaire organisée à Metz: "Elle ne le ferait pas si elle se sentait dans un contexte où elle pourrait se faire agresser pour cette pancarte."

"Là, elle n'a pas eu de remarque apparemment", a-t-il poursuivi. "Mais ça ne veut pas dire que les gens qui sont dans ces manifestations anti-pass sont antisémites pour la plupart", a-t-il complété.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV