Sabrina, victime de Rançon: "J'aurai toujours cette peur qui sera en moi"

Sabrina est une des victimes de Jacques Rançon. La jeune femme, qui a survécu à son agression en 1998, a témoigné ce jeudi lors du procès du "tueur de Perpignan". Si le moment a été éprouvant, elle se dit "soulagée" d'avoir pu libérer sa parole.

Elle se dit "émue et soulagée". Après avoir témoigné ce jeudi devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales, Sabrina, une victime de Jacques Rançon, se confie. La jeune femme de 39 ans, que le "tueur de Perpignan" a tenté d'éventrer, se dit "libérée" d'avoir pu parler devant celui qui l'a laissée pour morte ce soir du 9 mars 1998.

"Je l'ai rêvé pratiquement toutes les nuits"

"J'ai pu dire ce que je voulais. J'ai attendu dix-sept ans pour rencontrer ce personnage (...) Je me suis promis de le reconnaître. Je l'ai rêvé pratiquement toutes les nuits. Je me suis toujours promis de ne jamais l'oublier parce qu'il a fait de ma vie un enfer." 

En 2014, quand elle voit dans la presse une photo de Jacques Rançon après son interpellation pour le meurtre de Moktaria Chaïb, elle le reconnaît. À la barre, son témoignage a bouleversé l'audience. Un moment particulièrement émouvant qui s'est conclu par l'évacuation de la jeune femme, éprouvée et en larmes. "Au début, ça a été très dur (...) Je me suis promis d'être forte tout au long du procès."

"C'est le mal incarné"

"Ce personnage, ce soir-là, je ne pensais vraiment pas qu'il allait me faire du mal", a-t-elle raconté devant les journalistes. Mais, selon elle, "c'est le mal incarné." Depuis, Sabrina est constamment sur ses gardes. "Il m'a laissé des séquelles, il m'a traumatisée. Dans la vie de tous les jours, j'ai peur des gens, je ne fais confiance à personne."

Elle espère un retour à la vie normale mais reste, même vingt ans après son agression, sous le choc. "J'aurai toujours cette peur qui sera en moi. J'ai quand même une cicatrice qui est signée par ce meurtrier. C'est une signature qu'il m'a faite sur mon ventre et dans ma tête et dans mon cerveau. Et c'est à vie." Sabrina conserve une cicatrice de 32 cm sur le ventre. 

"Il savait exactement ce qu'il faisait"

Interrogé, Jacques Rançon a dit ne pas se souvenir. "C'était mon anniversaire, je faisais la fête au boulot, je suis rentré chez moi, je l'ai vue en voiture, j'ai dragué la demoiselle on s'est retrouvé sous le porche", a-t-il seulement concédé lors de l'audience. Mais pour Sabrina, le cariste-magasinier de 58 ans joue l'idiot. 

"Il savait exactement ce qu'il faisait (...) il n'est pas bête (...) C'est quelqu'un de normal. Il entend. Je pense qu'il doit jubiler. À des moments, il fait des petits sourires sur le côté."

"J'ai la haine", "je vous souhaite que du malheur", lui a-t-elle lancé devant la cour d'assises.

Céline Hussonnois-Alaya