BFMTV
Police-Justice

Refus d'obtempérer à Paris: pourquoi les policiers ont-ils été libérés?

Les policiers à l'origine des tirs sur un véhicule qui refusait d'obtempérer à Paris samedi ont été libérés après leur garde à vue, mais une information judiciaire a été ouverte à leur encontre pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

Les trois policiers qui ont tiré samedi sur une voiture à Paris, blessant grièvement le conducteur et tuant une passagère, ont respecté le cadre légal pour faire feu. C'est ce que pensent pour le moment les enquêteurs puisque les trois policiers ont été remis en liberté à l'issue de 48 heures de garde à vue, sans poursuite à ce stade.

"Ce qui a été décidé par le parquet, c'est de laisser mes clients libres de toute charge pour le moment, de poursuivre l'enquête et éventuellement de les faire voir par un juge d'instruction plus tard", explique l'avocat des policiers Me Laurent-Franck Liénard à BFMTV.

"Cela démontre que les réponses qu'ils ont données pendent leur garde à vue étaient cohérentes", précise-t-il.

"Un soulagement"

Lors de leurs auditions, les trois fonctionnaires, âgés entre 25 et 30 ans et au parcours professionnel sans problème, ont répété leur version des faits: alors qu'ils patrouillaient à vélo dans le 18e arrondissement de la capitale, ils ont repéré cette voiture dans laquelle l'un des passagers ne portait pas sa ceinture.

Ils ont fait signe au conducteur de s'arrêter, mais celui-ci n'a pas obtempéré. Rattrapé par les policiers alors que le véhicule était pris dans la circulation, le conducteur a redémarré. Selon la version des policiers, ils ont alors fait usage de leur arme car le véhicule fonçait sur eux.

Pour David-Olivier Reverdy, secrétaire national adjoint d'Alliance police nationale, la levée de leur garde à vue est "un soulagement" et va leur permettre "de continuer à exercer leur métier normalement".

Une information judiciaire pour "retracer le déroulement des faits"

Si les trois policiers ont été libérés, cela ne signifie pas qu'ils ne seront pas reconvoqués plus tard en vue d'une possible mise en examen. Le parquet de Paris a annoncé mardi après-midi l'ouverture d'une information judiciaire pour "violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner".

"L'information judiciaire permettra de retracer avec précision le déroulement des faits et de déterminer les circonstances exactes d'usage de leur arme par les policiers", a précisé la procureure dans un communiqué consulté par BFMTV.com.

De nouvelles expertises, notamment balistiques, des analyses de la vidéosurveillance et des auditions pourront ainsi être menées. Le parquet a également demandé à l'Inspection générale de la police nationale la diffusion d'un appel à témoins.

De son côté, le conducteur du véhicule soupçonné d'avoir refusé d'obtempérer a été placé en garde à vue mardi pour "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique" mais aussi "refus d'obtempérer aggravé par la mise en danger d'autrui, conduite malgré annulation du permis de conduire et conduite sous l'emprise d'un état alcoolique et après avoir fait usage de substances classées comme stupéfiants". L'enquête a été confiée au 2e district de police judiciaire de la direction régionale de la police judiciaire.

Emilie Roussey