Que sont les unités de vie familiale, ces lieux d'intimité au sein des prisons?

Deux jours après la violente agression de deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe par un détenu radicalisé, la question de la sécurité autour des unités de vie familiale (UVF) pose question. C’est au sein de ce type d’appartement qu’Hanane Aboulhana, la compagne de Michaël Chiolo, lui aurait donné le couteau céramique qui a servi pour l’attaque.
• À quoi ressemble une UVF ?
C'est un appartement meublé avec deux ou trois pièces, d’une superficie de 50 à 80m², d’après Le Monde. À l’intérieur se trouvent donc un salon de télévision, une cuisine équipée, une salle de bain et une ou plusieurs chambres.
Expérimentées au début des années 2000, les UVF se sont généralisées depuis 2009. La Chancellerie nous précise qu’il en existe actuellement 163 réparties dans 50 établissements pénitentiaires (sur un total de 187 prisons).
Situées au sein de l'établissement mais séparées de la détention, elles permettent aux détenus et à leurs proches (mineurs inclus s'ils sont accompagnés, conjoints, amis) de se retrouver dans l’intimité. Les détenus peuvent ainsi garder un lien de sociabilité, voire un lien conjugal, et se réhabituer aux gestes du quotidien, comme préparer à manger.
• Qui y a accès?
Tous les détenus, qu'ils soient prévenus ou condamnés, peuvent faire une demande de visite en UVF, par écrit. Les visiteurs doivent également faire une demande écrite, et être déjà titulaires d'un permis de visite. L'accès n'est pas conditionné à un séjour minimum dans l'établissement et l'existence d'antécédents disciplinaires ne doit pas, en soi, constituer un critère de refus.
Une fois les demandes déposées, une commission pluridisciplinaire se réunit. "Elles sont toutes examinées au cas par cas", insiste la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). La décision finale revient à l'autorité judiciaire pour les détenus en attente de jugement et au chef d'établissement pour les condamnés.
Les UVF ont été créées au départ pour les peines très longues, et donc a priori pour des profils "compliqués". "Le calcul qui est fait, c'est que de voir sa famille, sa compagne, donne une bouffée d'air au détenu et peut justement faciliter la détention", précise l’ADP.
• Pour quelle durée?
Ils peuvent y loger pour une durée de six à 72 heures. "Généralement, on étend la durée de manière progressive si ça se passe bien", explique la DAP. L'assaillant de Condé, Michaël Chiolo, y était depuis lundi 17 heures (l'attaque a eu lieu mardi vers 9h30) et avait eu l'autorisation d'une visite de 72 heures. Depuis son arrivée à Condé en mars 2017, ce détenu avait déjà eu droit à plusieurs visites en UVF. "Elles s'étaient toutes bien passées", précise une source proche du dossier.
Le nombre de visiteurs autorisé dépend des structures, et les détenus ont en principe le droit à une visite par trimestre. En pratique, cela dépend des établissements, du nombre de places mais aussi du contexte personnel: un anniversaire de l'enfant d'un détenu ou une visite plus longue si le visiteur vient de loin.
• Quelles sont les mesures de sécurité?
Comme pour les parloirs, l'accès est soumis à un contrôle avec un détecteur de métaux, et des rayons X pour les sacs. S'ils sonnent, ils doivent passer par une palpation obligatoire. Une fois à l’intérieur, "le principe, c'est le respect de l'intimité", dit la DAP. Pas de caméras de surveillance ni de micro nous précise la Chancellerie. L'intérieur n'est pas non plus à la vue directe des surveillants.