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"Que les politiques s'interrogent": la syndicaliste Linda Kebbab réagit au vote RN dans la police

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La déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO réagissait au sondage selon lequel 44% des policiers voteraient pour Marine Le Pen au premier tour de la prochaine présidentielle.

44% des policiers et militaires envisagent d'accorder leur voix à Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle de 2022, a révélé mardi un sondage Ipsos pour le Cevipof, dévoilé par L'Opinion. Dans l'hypothèse d'un second tour face à Emmanuel Macron, la présidente du Rassemblement national (RN) pourrait engranger jusqu'à 60%des intentions de vote des policiers et des militaires contre seulement 20% pour le président sortant, révèle également cette enquête.

Une tendance qui, "non", ne surprend pas la policière Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO.

"Par dépit et par désespoir"

"De plus en plus de policiers mais aussi de Français votent aussi par dépit et par désespoir, l'inquiétude n'est pas de savoir que ces gens votent extrême droite, mais pourquoi ils le font", a soutenu la syndicaliste ce mercredi matin sur BFMTV-RMC.

"Vous avez un panel de partis politiques qui s'offrent à vous et qui font des propositions. Vous en avez un qui vous traite de barbare. Vous en avez un qui vote contre la loi Sécurité globale et particulièrement sur l'article qui interdirait la diffusion des visages des policiers, l'intention de nuire. Vous avez une majorité qui, aujourd'hui ne convainc pas les policiers. Vous avez une droite qui a beaucoup de mal aujourd'hui à s'exprimer. Vous avez une extrême droite qui aujourd'hui parvient, par ses discours et en matière de communication, à attirer beaucoup de Français, pas de policiers, beaucoup de Français", a énuméré la policière.

"Que les politiques s'interrogent"

"Quand des policiers me disent 'je suis gosse de communiste, je suis gosse d'ouvrier, j'arrive du Nord de la France, j'arrive de l'Est de la France, j'ai baigné dans un esprit de gauche, dans lequel je ne me retrouve pas en tant que policier, dans ces cas-là je vais aller voter pour le seul ou la seule qui a un discours qui n'est pas vindicatif à mon égard', et ils font abstraction du programme, comme beaucoup de Français", croit savoir Linda Kebbab.

"J'ai beaucoup de collègues qui me disent: 'je suis pas facho, je suis pas raciste, je suis pas extrémiste, sauf que entre celui qui me crache à la figure à longueur de temps, entre celui qui n'est pas un républicain et celle qui, peut-être avec beaucoup d'intelligence, dit qu'elle nous soutiendra, j'y vais'", a poursuivi la fonctionnaire.

Pour la policière, il faut "que les politiques s'interrogent sur la manière dont ils ont perdu la confiance des policiers, en matière de politique à leur égard et en matière de délitement de la société", a-t-elle conclu sur ce point.

L'enquête Ipsos a été réalisée du 9 au 15 avril derniers. Le 23 avril, une agente administrative du commissariat de Rambouillet, Stéphanie Montfermé, a été tuée au couteau par un islamiste radicalisé. Le 5 mai à Avignon, c'est un policier, Éric Masson, qui a été tué par arme à feu à Avignon lors d'une opération. Deux crimes qui ont suscité une vive émotion. "Nous policiers, nous ne sommes à l'abri nulle part", a estimé ce mercredi Linda Kebbab.

Clarisse Martin Journaliste BFMTV