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Police-Justice

Quand les gendarmes expriment leur malaise

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A l’initiative de gendarmes, une association a créé un forum Internet pour exprimer les difficultés de la gendarmerie. Une initiative forte au sein de « le grande muette ».

La gendarmerie, qui fait partie de l'armée, va-t-elle perdre son surnom de Grande Muette ? Les gendarmes sont soumis au « devoir de réserve » mais une association loi 1901 vient de se créer le 3 avril dernier, pilotée par plusieurs gendarmes en exercice ou à la retraite. Son nom : "Forum Gendarmes et Citoyens" (7.600 membres d'après l'association). Leur objectif est de parler notamment des difficultés croissantes que connaissent les gendarmes dans leur métier. La direction générale de la gendarmerie nationale n'est pas enchantée et se dit "vigilante".

Jean-Hugues Matelly est vice-président de l'association et gendarme, en tant que chef d'escadron. Il s'est exprimé, à titre personnel, en début d'année sur le malaise dans sa profession et a reçu un blâme par son ministère. Depuis la création du forum de l'association sur internet, ce qui le surprend le plus est le fait que « même sur un forum qui est indépendant, les gendarmes ont peur de s'exprimer, ne veulent pas livrer leur identité et utilisent des pseudonymes. Ils imaginent qu'ils pourraient encourir des sanctions et être repérés par leur commandement pour leurs positions. J'ai du mal à comprendre, dans la mesure où on pourrait penser que les gens qui sont là pour défendre les valeurs de la démocratie pourraient s'exprimer plus librement ».

Un des gendarmes en activité, qui fait partie du conseil d'administration de l'association, a accepté de témoigner anonymement, par peur des représailles. Il critique les trop grosses charges de travail, expliquant que sa « disponibilité tourne autour de 80 heures par semaine. On tourne à peu près à 50 heures de travail effectif par semaine. Le citoyen qui a un problème vient à sa gendarmerie, que ce soit un problème de couple, de vol... Il nous arrive même de traiter ou de donner des informations pour adopter un enfant ». D'autre part, il se considère comme « marié à la gendarmerie » et concède : « ce métier me tient aux tripes, je l'aime. Mais il y a des moyens de mieux faire ce travail en adaptant la disponibilité qui plombe la vie familiale. Quand mon épouse et mes enfants me voient enfiler mon gilet par balle le soir, ils ne sont pas trop rassurés... »

La rédaction et François-Xavier Ménage