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Procès

Joueurs du PSG, Booba, Patrick Sébastien... 8 personnes jugées pour avoir cambriolé des célébrités

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Sept hommes et une femme sont jugés à partir de mercredi à Paris pour avoir cambriolé les maisons de célébrités entre 2018 et 2019. Le principal prévenu surnommé "le chat" s'introduisait à leurs domiciles en escaladant les gouttières.

C'est un dossier où se croisent le chef étoilé Jean-Pierre Vigato, Patrick Sébastien, le rappeur Booba ou l'ancien capitaine du PSG Thiago Silva. Tous vivent dans des logements ultra-sécurisés et ont pourtant été victimes d'un cambriolage entre 2018 et 2019. Des montres, bijoux et maroquineries de luxe avaient été dérobés. Pour ces "home jacking" en série sont jugés à partir de mercredi sept hommes et une femme à Paris. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.

Escalader les gouttières

Le soir du 23 décembre 2018, peu après une heure du matin, Thiago Silva, alors capitaine du Paris Saint-Germain rentre chez lui, dans le huppé XVIe arrondissement de la capitale, après avoir joué un match de Ligue 1 contre Nantes au Parc des Princes. Le joueur brésilien s'aperçoit que son coffre-fort, des bijoux et des montres se sont volatilisés. Préjudice estimé: 1,2 million d'euros. 

Sur les images de vidéosurveillance de la résidence, on voit ce soir-là deux hommes escalader une gouttière puis s'introduire dans l'hôtel particulier par une porte-fenêtre. Quelques minutes plus tard, ils repartent à pied, leur butin dans un sac à dos et une valise dérobés sur place.

Moins d'un mois plus tôt, un autre joueur du PSG, Eric Maxim Choupo-Moting, a déjà été cambriolé pour environ 600.000 euros en maroquinerie et bijoux, alors qu'il disputait un match de Ligue des champions contre Liverpool, le 28 novembre 2018.

Eric Maxim Choupo-Moting et Thiago Silva en Ligue des champions, le 18 septembre 2019
Eric Maxim Choupo-Moting et Thiago Silva en Ligue des champions, le 18 septembre 2019 © Icon Sport

Une bande de la Goutte d'Or

Une enquête est ouverte et les enquêteurs remontent vite à deux, puis trois hommes. Au fur et à mesure des filatures et des écoutes, ils identifient un groupe d'hommes d'une vingtaine d'années, originaires du quartier populaire parisien de la Goutte d'Or, dans le XVIIIe arrondissement, ainsi que deux véhicules.

Sept personnes sont finalement interpellées en août 2019, une huitième en novembre. Après plusieurs mois d'investigations, les enquêteurs estiment qu'ils sont aussi liés à d'autres cambriolages, dont celui d'Elie Yaffa alias Booba, le 9 décembre 2018 à Boulogne-Billancourt.

À deux, trois ou quatre selon les cas, ils sont par ailleurs soupçonnés de s'être introduits chez Patrick Sébastien dans la nuit du 2 au 3 août 2019, au domicile du chef cuisinier Jean-Pierre Vigato le 19 août et dans la demeure d'un Saoudien fortuné le lendemain. Les objets disparus sont évalués à 4,2 millions d'euros.

Des dizaines de bracelets, bagues, montres et sacs - certains étant des contrefaçons - sont saisis dans l'appartement d'une jeune femme à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), parmi lesquels les victimes reconnaîtront certains de leurs biens. Deux armes, des gilets pare-balles, un vérin hydraulique et un pied de biche sont aussi découverts.

"Le Chat" et "Bidou"

Dans un premier temps, les suspects nient en bloc avant de reconnaître, à partir de mi-2020, leur participation à certains faits tout en réfutant leur implication dans d'autres, ou en affirmant n'avoir eu qu'un rôle de "guetteur". Certains contestent l'évaluation du préjudice en faisant valoir que certains bijoux étaient des faux.

Pour l'accusation, deux hommes sont au centre de cette série de cambriolages, tous commis en passant par une fenêtre et en l'absence des habitants: Mohamed S. surnommé "Jet Li" ou "Le Chat" - un pseudonyme qu'il conteste - décrit comme un "grimpeur agile", et Abdelazim G. portant le sobriquet de "Bidou".

Aujourd'hui âgés de 27 à 31 ans, sept prévenus, qui pour la plupart n'avaient pas de source officielle de revenus et un casier très chargé, comparaissent jusqu'au 30 juin pour "vols en réunion" et "association de malfaiteurs". La locataire de leur "planque" à Aubervilliers est quant à elle jugée pour cette dernière infraction ainsi que pour "recel" et "détention d'arme": elle dément tout.

Chez elle, des feuilles avec des adresses et des noms de célébrités ont été retrouvées, mais aucun "informateur" éventuel n'a été repéré et la façon dont une partie des objets ont été revendus n'a pas été éclaircie.

Des complicités internes au PSG?

Sollicités par BFMTV.com, les avocats des prévenus et des parties civiles n'ont pas souhaité s'exprimer avant le procès ou n'étaient pas joignables. Maître David-Olivier Kaminsky, avocat du "chat", s'est en revanche confié à BFMTV dans le cadre de l'enquête de Ligne Rouge sur les braqueurs de footballeurs diffusée la semaine dernière.

Le pénaliste s'était alors interrogé sur une évenuelle complicité en interne du PSG ayant permis les cambriolages de Thiago Silva et Eric Maxim Choupo-Moting:

"La vraie interrogation est de savoir quelles complicités internes ont permis d'être à ce point renseigné, si c'est le cas. Je ne dis pas que cela puisse venir de l'intérieur du club, je dis que c'est une question que je me pose", soulignait-il alors.
Par E.P avec AFP