"Il y en a qui n'ont pas envie de comprendre": Mila lit un message d'insultes reçu en plein procès
À la sortie du procès de 13 personnes poursuivies pour l'avoir cyberharcelée, Mila s'est dirigée vers les journalistes, portable à la main. Pour montrer l'étendue des insultes qu'elle reçoit, la jeune femme a tenu à lire un message glaçant, reçu ce mardi soir, pendant qu'elle écoutait les plaidoiries. "Même si vous vous doutez qu'il ne sera pas forcément agréable, je trouvais ça important de vous en faire part", a-t-elle expliqué.
"Tes tellement moche que même Satan il te voit, il pleure de la mocheté, personne t'aime, va te prendre grosse race de paysanne. (...) Tu te prends pour qui sale LGBT, (...) va te suicider", écrit l'auteur au milieu d'un tombereau d'insultes et de menaces de viol. "T'inquiètes pas, tu vas entendre parler de moi. (...) Tu fais de la peine, tu vas devenir mon souffre-douleur."
"Donc apparemment il y en a qui n'ont pas envie de comprendre et je trouve ça désolant, c'est tout", a commenté Mila avant de quitter le tribunal.
Menacée quotidiennement depuis 2020
À 18 ans, Mila est menacée tous les jours depuis 2020, quand, répondant à des injures sur les réseaux sociaux" sur son orientation sexuelle, elle publie une vidéo dans laquelle elle critique de façon véhémente l'islam - mais "dans les strictes limites" de la liberté d'expression, a rappelé le procureur. La déflagration est immédiate et les "conséquences réelles" pour Mila, alors âgée de 16 ans et demi: cible d'un "raz-de-marée de haine", elle est contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière.
Le parquet a requis mardi des "peines d'avertissement" contre douze jeunes gens jugés à Paris pour avoir participé à son cyberharcèlement. Pour leurs messages haineux, le ministère public a demandé trois mois d'emprisonnement avec sursis pour trois d'entre eux, poursuivis pour harcèlement, et six mois de prison avec sursis pour neuf autres, renvoyés pour harcèlement et menaces de mort. La relaxe a été sollicitée pour un treizième prévenu, au bénéfice du doute.
Un seul prévenu a présenté ses excuses
Un seul d'entre eux a présenté ses excuses à la jeune femme. "Elle ne mérite pas ce harcèlement", a-t-il réagi auprès de BFMTV. "En France, on a le droit de blasphémer. (...) C'était à moi de ne pas l'insulter ni de la menacer. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si je suis là aujourd'hui."
L'avocat de Mila, Richard Malka, a dénoncé une "lapidation numérique" de sa cliente. "Ceux qui ont commis des torts devront tous y répondre", a-t-il commenté à l'issue de l'audience. "Il y a ceux-là, il y en aura d'autres, le procureur l'a dit. Il y a de nouvelles vagues d'arrestations. On ne peut pas continuer dans cette sauvagerie-là." Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 7 juillet.