"Ferme ta gueule!": Adèle Haenel laisse exploser sa colère lors du procès pour agression sexuelle de Christophe Ruggia

Elle a quitté la salle d'audience du tribunal de Paris avec fracas. Adèle Haenel a laissé exploser sa colère au deuxième jour du procès du réalisateur Christophe Ruggia, accusé d'agression sexuelle sur l'actrice de ses 12 à 14 ans.
"Mais ferme ta gueule! Ta gueule!", a-t-elle hurlé au réalisateur qui se trouvait alors à la barre avant de se lever et quitter la salle.
Longuement interrogée lundi en fin de journée, Adèle Haenel avait à nouveau la parole en ce début d’après-midi, notamment après les auditions de plusieurs témoins dans la matinée. La jeune femme de 35 ans dit vouloir apporter deux précisions à son témoignage de la veille où elle avait martelé que Christophe Ruggia était "un gros menteur".
"Personne n'a aidé cet enfant"
Pour Adèle Haenel, l'origine de toute cette affaire, c'est bien le film Les Diables, dans lequel elle a tourné à l'âge de 12 ans sous la direction de Christophe Ruggia. "Moi, je l’ai fait. Qui comprend cette normalité? Personne. Quelques cinéphiles et, pour moi, uniquement M. Ruggia qui pose des termes dessus, en disant 'Ah non non, c’est de l’art'. Mais à part lui, personne ne comprend ça. Les gens à l'école me disent: 'Mais en fait, t'as fait ça, mais t'es une actrice porno!'"
Adèle Haenel dit que, depuis cela, une "béance" s'est ouverte derrière elle et "c'est dur d'en sortir". L'actrice a poursuivi cette déclaration en évoquant le témoignage dans la matinée de Véronique Ruggia, la soeur du réalisateur. Celle-ci, qui avait reccueilli les confidences d'Adèle Haenel en 2010, avait dit "soutenir" la jeune femme, tout en rappelant "la déchéance de son frère", rejeté avec "violence" par le milieu du cinéma.
L'actrice dit alors la comprendre mais rappelle qu'"agresser des enfants, ça a des conséquences." "Tout le monde me demande de pleurer sur le sort de M. Ruggia. Mais qui s'est soucié de l'enfant? Agresser des enfants comme ça, ça ne se fait pas. Ça a des conséquences. Personne n'a aidé cette enfant", a-t-elle ajouté la voix tremblante.
Ruggia dit avoir voulu "protéger" l'actrice
Le président du tribunal correctionnel invite alors Christophe Ruggia à réagir à ces déclarations. "J'avais conscience dès le départ de la complexité de ce film... ", débute le réalisateur, évoquant le film Les Diables dans lequel Adèle Haenel, 12 ans, apparaît nue ou a des rapports incestueux avec son partenaire de jeu, âgé lui de 15 ans. "On est bien d'accord qu'Adèle Haenel ne vous reproche pas les conditions du tournage mais l'après", le coupe le président.
C'est alors que Christophe Ruggia évoque ses tentatives pour "protéger" Adèle Haenel, alors enfant. Il dit qu'à l'époque il lui a proposé de prendre un pseudonyme, notamment pour affronter le collège où elle faisait l'objet de moqueries. Une vision qui a alors provoqué la colère d'Adèle Haenel, qui a explosé en invectivant le réalisateur.
L'actrice a quitté la salle une trentaine de minutes avant de revenir. "On va arrêter là", a interrompu le président du tribunal, estimant que Christophe Ruggia a répondu à la question.