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Procès

Féminicide de Chahinez: armes, bidon d'essence... La préméditation au centre du procès

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Devant la cour, Mounir B. a reconnu avoir tiré dans les jambes de sa femme avant de l'asperger d'essence et de mettre le feu. Les "préparatifs" de l'accusé ont été disséqués devant la cour d'assises de Gironde, ce mardi 25 mars.

Camionnette aménagée, armes, bidon d'essence, briquet... Au deuxième jour du procès du féminicide de Chahinez Daoud en 2021 à Mérignac, la cour d'assises de Gironde a passé en revue ce mardi 25 mars les éléments étayant la préméditation que conteste l'accusé.

Devant la cour, Mounir B. reconnait avoir tiré dans les jambes de sa femme avant de l'asperger d'essence et de mettre le feu. "C'est mon corps, c'est pas mon esprit", soutient toutefois l'accusé.

"Il dit qu'il se sentait manipulé"

Lorsque les policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) l'interpellent peu après les faits le 4 mai 2021, ce maçon de 44 ans à l'époque est "très calme", "réfléchi", "posé" et "sans émotion", a décrit l'un d'eux à la barre.

"Il nous regarde avec détermination. On répète nos injonctions, il nous fixe. Il finit par lâcher ses armes", a poursuivi le policier.

Dans la voiture qui l'emmène au commissariat, pas un "mot superflu" ne sort de sa bouche, selon le policier: "il dit qu'il se sentait manipulé et trompé par sa femme et répète qu'il avait une mission", restant "maître de lui".

Ce calme apparent "n'est pas tout à fait celui d'un homme qui est dans un état normal", a rétorqué l'une des avocates de l'accusé, Me Elena Badescu. Les experts psychiatres intervenus durant l'instruction ont retenu l'altération du discernement.

"Tellement elle (la victime, ndlr) m'a fait mal, (..) que je ne me sens pas coupable, je ne ressens pas la culpabilité", a-t-il affirmé mardi après avoir regardé, imperturbable, les photos du corps carbonisé de Chahinez Daoud.

Briquets, achat récent d'un véhicule

En garde à vue, il dit avoir voulu "cramer" celle qu'il accusait d'infidélité, ce que rien n'est venu confirmer durant l'enquête, "la punir" de l'avoir fait condamner pour violences en 2020, à tort selon lui, lui "faire la peur de sa vie" mais sans la tuer. Position qu'il a maintenue durant l'instruction.

Quand ils l'arrêtent, les policiers trouvent sur lui deux briquets, dont l'un noué dans un tissu blanc. "C'était pour faire une mèche", estime le fonctionnaire de la BAC entendu par la cour.

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Autre élément signant la préméditation aux yeux de l'accusation et des parties civiles, l'achat récent du véhicule que l'accusé gare ce jour-là près du domicile de sa femme et que celle-ci ne peut donc reconnaître.

Pour l'avocate du fils du couple, Me Marie Pommiès, "ce n'était pas anodin, c'est le début des préparatifs".

Cette camionnette a en outre été aménagée, avec des cartons munis d'oeilletons, pour observer l'extérieur sans être vu. Mounir Boutaa avait aussi transvasé cinq litres d'essence de tondeuse dans un bidon utilisé pour brûler la victime.

C.L. avec AFP