EN DIRECT - Suivez le troisième jour du procès du tueur en série Jacques Rançon

Jacques Rançon, à l'ouverture de son procès à Amiens, le 8 juin 2021. - Mélanie Bertrand
Ce live est désormais terminé.
Merci de l'avoir suivi sur BFMTV. Le procès se poursuit vendredi, avec un verdict attendu dans la soirée.
La cour se penche sur la carte des crimes de Rançon dans la Somme
Après une courte suspension, la cour entend maintenant le gendarme qui a été chargé de l'enquête après la réouverture du dossier du meurtre d'Isabelle Mesnage, en 2018.
Sur les grands écrans sont diffusées des photos de l'exhumation du corps d'Isabelle Mesnage, des cartographies du secteur boisé où a été découvert la dépouille et le détail des pièces rassemblées durant la première enquête.
Sur une carte est mis en valeur le lieu de la découverte du corps d'Isabelle Mesnage, le lieu où Jacques Rançon a violé une seconde victime et où il a tenté d'enlever une troisième femme, près de Villers Bretonneux, dans la Somme. Les différents points sont distants de moins d'un kilomètre.
Des photos du corps d'Isabelle Mesnage sont diffusées
La cour diffuse maintenant des photos des dépouilles d’Isabelle Mesnage et de Moktaria Chaïb, afin de comparer les ablations entre les deux victimes.
On y voit des corps mutilés au niveau des parties génitales et des seins, d’abord dans l’herbe sur les scènes de crime respectives, puis sur la table d’autopsie.
Selon la médecin-légiste, les "cratères" sur les poitrines de chacune (au niveau de la glande mammaire) ne sont pas comparables sur les deux corps.
Comparaison des autopsies de victimes de Rançon
Après une suspension d'une heure, l'audience a repris avec l'audition du docteur Decourcelle, qui revient sur les autopsies de deux victimes de l'accusé.
La médecin légiste a procédé à des analyses sur le corps d'Isabelle Mesnage, afin de comprendre si l'absence d'organes génitaux sur la victime était issue de la décomposition ou bien si cette absence avait été causée par une ablation faite par un tiers.
Elle était également chargée de comparer les photos du corps d'Isabelle Mesnage et celui d'une autre victime de Jacques Rançon, Mokhtaria Chaïb.
Selon ses conclusions, la disparition des organes génitaux ne peut pas être du à la seule action des insectes. Ces derniers ont pu agrandir la plaie, mais pas la créer.
Jacques Rançon "n'était pas dragueur" avec les filles, se souvient un témoin
Un second témoin, Christophe P. est entendu à la barre. Lui aussi connaissait Jacques Rançon lorsqu’il travaillait au bal "Système 12". "J’ai pas le souvenir de quelqu’un d’agressif ou violent", assure-t-il.
L'accusé était "gentil, pas violent. (...) Il n'était pas dragueur, assez calme et réservé avec les filles. (...) Il n’allait pas vraiment vers elles", se souvient le témoin, peu loquace.
Il ne se rappelle d’"aucun geste déplacé" avec celles que Jacques Rançon nommait les "fifilles."
"On aurait jamais cru ça de lui"
Après une courte suspension, le procès se poursuit par l’audition de Denis P., qui travaillait au bal "Système 12" avec Jacques Rançon au moment de la mort d’Isabelle Mesnage.
Il se souvient d’un homme "très timide" avec les filles.
La juge l’interroge ensuite sur sa séparation avec sa compagne de l’époque Carole D. Jacques Rançon était "énervé", "il ne voulait pas entendre raison car il était trop amoureux d’elle", explique le témoin.
"Dès qu’elle avait le malheur de parler à un garçon, il s’énervait. (...) "Il s’énervait et tapait contre sa propre voiture. (...) J’ai fini par sortir et lui dire de se calmer sinon j’appellais les gendarmes", se souvient-il.
Pour autant, Denis P. n'a pas le souvenir de quelqu'un de "méchant" ou "violent" en public. "On aurait jamais cru ça de lui."
"On est dans les hypothèses, moi je parle de preuves"
L’avocat de la défense, Me Xavier Capelet prend à son tour la parole. Il remet en cause la façon dont s’est déroulée la garde à vue de son client, au moment de ses aveux.
Selon l’avocat, le gendarme aurait piégé Jacques Rançon en évoquant "des témoignages qui le confondent", des "stigmates strictement identiques" entre Isabelle Mesnage et Mokhtaria Chaïb, une précédente victime, alors qu’elles étaient "comparables", pas "identiques."
Le gendarme rappelle par ailleurs qu’il y avait des concordances dans les "circonstances de temps et de lieux" pour que Jacques Rançon soit l’auteur du crime.
"On est dans les hypothèses, moi je parle de preuves", s’agace Me Capelet.
"Est-ce que vous croyez en l'existence du diable monsieur l’officier?"
C'est au tour de la défense d'interroger le gendarme qui a recueilli les aveux de Rançon.
"Est-ce que vous croyez en l'existence du diable Monsieur l’officier?", lance Me Gérald Brivet-Galaup.
Le thème de l’une des gardes à vue était en effet "les démons" de Jacques Rançon. Pour l'avocat, cela signifie que les gendarmes voulaient, coûte que coûte, voir en la personne de Rançon le coupable idéal.
"C’était pour le faire parler car ses réponses étaient très courtes. On a cherché à utiliser des mots à sa portée, pour le mettre plus à l'aise. En aucun cas nous faisons un lien avec la personnalité de Jacques Rançon", rétorque l'officier.
"Êtes-vous satisfait de ses aveux monsieur l'officier?", poursuit Me Gérald Brivet-Galaup.
"Il aurait été mieux venu qu'ils interivennent plus tôt dans la garde à vue", convient le gendarme.
"C’est un habitué des gardes à vue Rançon"
La partie civile interroge le gendarme présent lors des aveux de Rançon, en 2019.
- C’est un habitué des gardes à vue Rançon, il est déjà passé devant une cour d’assises, remarque Didier Seban.
Ce dernier ne croit pas dans la thèse de la défense selon laquelle l’accusé aurait avoué à cause de la "pression" des gendarmes.
- Oui, son comportement était calme et plutôt posé, confirme le gendarme.
- Vous avez remarqué qu’il ne reconnaissait pas les faits tout de suite, lors des précédents crimes ?
- Oui les aveux arrivaient subitement, poursuit le gendarme (ndlr: comme dans le cas d'Isabelle Mesnage)
Derrière son box vitré, Jacques Rançon a la tête baissée. Il ne montre aucune réaction.

"Les gendarmes m'ont mis la pression": retour sur la rétractation de Rançon
Le gendarme qui a procédé à l’interrogatoire de Rançon lors de sa garde à vue en juin 2019, s’avance maintenant à la barre.
Il revient sur le basculement de l’accusé durant ses interrogatoires, lors desquels il a fini par reconnaître le meurtre et le viol d’Isabelle Mesnage, en 1986.
Rançon nie continuellement les faits, puis à la 47ème heures de garde à vue, il finit par avoué l’avoir "étranglée dans sa voiture", "traînée dans le bois", puis lui avoir "coupé ses parties intimes" et "jeté ses attributs dans un champ avant de retourner au bal."
Quelques jours après ses aveux, il est revenu sur ses propos dans un courrier envoyé au juge:
"Je souhaite me défendre. Je ne suis pas coupable. Ce sont les gendarmes qui m'ont mis la pression."
"C'est triste": Rançon impassible face à la douleur de sa victime
La présidente demande une réaction à Jacques Rançon sur le récit de Virginie, visiblement encore très marquée par son agression:
"Je suis désolée. Ce qu’elle a dit est vrai, j’aurais jamais dû faire ça", répond l'accusé, debout dans le box, les bras sur les hanches.
"Elle est là plus de 20 ans après les faits. Vous avez vu comme elle en parle, vous avez vu ses larmes", poursuit la juge.
“C’est triste", répond laconiquement Jacques Rançon.
"C’est triste, c’est tout ce que vous avez à dire ?", se désole la juge.
Rançon a envoyé une carte de vœux à une victime
Virginie est maintenant interrogée par l'un des avocats de la partie civile, Me Didier Seban, sur les conséquences de l'agression de Jacques Rançon sur sa vie:
"Son acte est ancré en moi, c’est définitif", souffle-t-elle.
A la suite du procès pour agression sexuelle en 2000, Jacques Rançon a trouvé l'adresse de la victime et lui a envoyé une carte de voeux pour lui souhaiter la bonne année. "J'ai trouvé ça... culotté."
"Je me suis dis que j'allais mourir": le récit d'une victime de Rançon
L'audience a repris par le témoignage, en visioconférence, d'une victime de Jacques Rançon, Virginie, dans un parc près d'Amiens, durant l'été 1999.
"Je me suis retrouvée sur une partie herbeuse, avec monsieur sur le dos. Monsieur a mis ses mains autour de mon cou et s’est mis à m’étrangler. Je n’avais pas la notion du temps. C’est lent mais c’est rapide, la seule chose que je me souviens très nettement, c’est...
Elle s’arrête, ne pouvant contenir ses larmes, puis reprend son récit:
"Je me suis dit que j'allais mourir et que je ne reverrai pas les gens que j’aime, c’est terrifiant."
Jacques Rançon l'a forcé à monter dans son véhicule, puis l'a finalement épargné, en lui demandant de partir:
"J'ai eu une chance extraordinaire, je me mets à la place de toutes ces victimes et de leur famille", ajoute-t-elle.
Jacques Rançon interrogé cet après-midi
Ce jeudi, la cour va se pencher sur les faits.
Dans la matinée, elle va entendre l’expert qui a travaillé sur la scène de crime d’Isabelle Mesnage. Son audition est importante puisque c’est elle qui a conclu qu’il y avait des similitudes entre le mode opératoire de ce crime, et celui d’une précédente victime de Jacques Rançon, à Perpignan.
Puis, la cour entendra trois hommes ayant travaillé avec Jacques Rançon au moment de la mort d’Isabelle Mesnage, ainsi que son ex-compagne au moment des faits.
Enfin, la cour procédera à l’interrogatoire de l’accusé.
Que s’est-il passé durant les jours précédents?
Lors de la première journée d’audience, Jacques Rançon a de nouveau clamé son innocence:
"C'est pas moi qui ai assassiné Mlle Mesnage", a-t-il lancé à l'ouverture des débats.
La cour est ensuite revenue sur ses précédentes condamnations, puis a procédé à un interrogatoire de personnalité, avec des auditions d’experts psychiatres et psychologues.
Mercredi, la journée était consacrée aux auditions de proches de la victime, Isabelle Mesnage, ainsi qu’aux enquêteurs de l’époque.
Troisième jour du procès de Jacques Rançon
Bonjour à tous, bienvenue dans ce direct consacré à la troisième journée du procès de Jacques Rançon, “le tueur de la gare de Perpignan”. Il est accusé d’avoir tué et violé Isabelle Mesnage, une jeune femme de 20 ans dont le corps avait été retrouvé en 1986 dans la Somme.
Le procès se déroule à Amiens, jusqu’à vendredi. L’accusé avait déjà été condamné à la perpétuité en 2018 à Perpignan, pour le meurtre et le viol de deux jeunes femmes.

Vous pouvez relire ici notre rappel de cette affaire, un "cold case" vieux de 35 ans.