Procès "pétrole contre nourriture": Pasqua relaxé

Charles Pasqua, ancien ministre de l'Intérieur. - -
Dans le cadre du procès "pétrole contre nourriture", Charles Pasqua et les autres prévenus ont été relaxés, lundi matin.
Le tribunal a estimé qu'aucun des délits de corruption, trafic d'influence ou abus de biens sociaux retenus contre les prévenus n'était constitué.
"C'est une claque magistrale pour l'instruction", a immédiatement commenté Me Jacqueline Laffont, avocate de Charles Pasqua.
Embargo de l'ONU
Au procès, qui s'était tenu en janvier et février, la défense de l'ancien ministre de l'Intérieur s'en était violemment prise à Philippe Courroye, qui avait instruit le dossier.
A l'audience, le parquet avait requis la relaxe de Charles Pasqua et la condamnation à une forte amende du groupe Total, ainsi que des amendes moins fortes pour la plupart des autres prévenus.
L'ancien ministre et le groupe pétrolier figuraient parmi le 20 prévenus jugés pour leur implication présumée dans la violation du programme "pétrole contre nourriture".
En vigueur de 1996 à 2003, ce programme visait à atténuer les effets sur la population irakienne d'un embargo de l'ONU décrété après l'invasion du Koweit par Bagdad en 1990.
Ristournes sur les ventes de pétrole
Il permettait au régime de Saddam Hussein de vendre du pétrole, en quantités limitées et sous contrôle de l'ONU, en échange de biens de consommation. Mais Bagdad avait contourné ce programme par le biais de ventes parallèles et de surfacturations, en distribuant des millions de barils à des personnalités "amies" ou en encaissant des ristournes sur les ventes de pétrole.
Les prévenus étaient d'anciens ambassadeurs, des responsables d'associations, des journalistes et d'ex-cadres de Total.
Selon un rapport établi en 2005, quelque 2.200 sociétés d'une soixantaine de pays auraient participé au contournement du programme "oil for food" ("pétrole contre nourriture") en versant des pots-de-vin au régime irakien. Des poursuites ont été engagées dans plusieurs pays, aux États-Unis notamment, et un deuxième procès aura lieu prochainement en France, impliquant 14 sociétés.