Procès Péchier: une infirmière raconte avoir fourni du potassium à l'ex-anesthésiste

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier (au centre) marche derrière son avocat Me Randall Schwerdorffer, le 8 septembre 2025 à la cour d'assises de Besançon. - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP
Un détail susceptible de fragiliser la défense de l'ex-médecin de 53 ans. Mathilde Viennet, une infirmière en cardiologie, qui a travaillé avec Frédéric Péchier à la clinique Saint-Vincent de Besançon (Doubs) en 2016 a témoigné dans le cadre du septième jour de procès de l'ancien anesthésiste.
Devant la barre de la cour d'assises du Doubs, elle raconte avoir fourni au docteur Frédéric Péchier, à sa demande, du potassium, un produit qui a permis d'empoisonner l'avant-dernière victime reprochée à l'ancien anesthésiste.
"Je ne sais pas combien d'ampoules il prend"
L'infirmière en cardiologie a raconté à la cour ce soir de "l'automne-hiver 2016" où le docteur Péchier vient lui demander du potassium "pour un patient en préopératoire qui présente une hypokaliémie", c'est-à-dire un manque de potassium.
Elle lui montre l'armoire à médicaments, dans laquelle il se sert. "Je vois son dos, pas sa main. Je ne sais pas combien d'ampoules il prend", précise l'infirmière, interrogée par l'avocate générale Thérèse Brunisso.
Le fait que Frédéric Péchier vienne ainsi chercher du potassium interroge l'accusation, car ce produit a notamment provoqué l'arrêt cardiaque de Sandra Simard, avant-dernière des 30 victimes qu'on lui impute. Une dose potentiellement mortelle de potassium avait été introduite de manière malveillante dans une poche de perfusion utilisée pour son opération du dos le 11 janvier 2017.
Il était certes "inhabituel qu'un médecin se déplace pour venir chercher un médicament", et c'était même la première fois qu'un anesthésiste lui adressait une telle demande, cependant "je n'ai pas été étonnée, parce que le docteur Péchier fait partie de ceux qui pouvaient le faire", a commenté l'infirmière.
Une armoire à médicament accessible
Questionnée par Maître Schwerdorffer, la témoin reconnaît que son bureau, où se trouvait l'armoire à médicaments, n'était pas fermé à clé: "tout le monde pouvait y accéder, effectivement", mais "il y avait souvent du monde dans la salle".
Alors "pourquoi un médecin qui voudrait voler du potassium viendrait voir une infirmière à visage découvert?", au lieu de subtiliser discrètement le produit qu'il convoitait, pointe l'avocat de la défense. "Ce serait étonnant", concède l'infirmière.
Pour rappel, l'accusé, qui comparaît libre depuis le 8 septembre, encourt la perpétuité. Il est désormais défendu par un unique avocat, Randall Schwerdorffer - son autre défenseur Lee Takhedmit vient de se retirer. Le verdict est attendu le 19 décembre.